Publié aux Editions Gallimard
En janvier 2014
128 p – 14,90€
La prostate est décidément très à la mode en ce moment. Une émission, cette semaine, fut réalisée au Journal de la Santé, sur la 5.
Tahar Ben Jelloun vient d’écrire ce roman sur le cancer de la prostate. Tahar a été lui-même touché par un problème lié à sa prostate, un problème beaucoup moins grave que celui de son ami dont il se fait le porte-parole à travers ce livre.
Et ce serait son ami-médecin urologue qui lui aurait demandé d’écrire sur ce sujet pour rendre service à de nombreux malades, pour lever le tabou sur la prostate. N’oublions pas que c’est un des cancers les plus fréquents chez l’homme (71 220 cas en 2011 en France).
Tahar écrit sans détour et décrit les nombreux symptômes de la maladie. Il nomme les choses avec beaucoup de naturel et explique les problèmes liés à la sexualité, suite à un cancer de la prostate. Le livre est écrit à la première personne, ce qui permet au lecteur de s’identifier à cet homme qui essaie de nombreux traitements, sans hésiter à se piquer lui-même la verge pour espérer une érection.
Difficile pour l’homme de seulement s’imaginer avec un pénis qui ne ressemble à plus rien, un bout de chair pendant ! Comment vivre sans libido ? Comment transcender cette maladie et continuer à avancer sans avoir peur ?
Ce livre est brulant de vérités qu’on n’ose pas dire tout haut et qui sont écrites avec naturel, sans fausse pudeur mais avec beaucoup de respect.
Tout au long du livre, j’ai pensé à un ami très cher qui souffre d’un problème de prostate et qui ne veut en parler à quiconque. Et bien, finalement, il a raison. Pour gérer sa maladie, il doit le faire seul, avce l’aide de ses médecins. C’est le meilleur moyen de mener le combat.
Il ressort de ce livre des sentiments très vrais que tout un chacun ressent face à la maladie : la souffrance fait peur. La maladie, on n’en veut pas dans notre quotidien. Elle dérange. On fuit nos amis si nous apprenons qu’ils sont très malades. La maladie, c’est comme un monstre qu’il faut éviter à tout prix !
On est seul face à la maladie et moins on en parle, mieux on se porte.
C’est un combat intime. Et la façon d evivre ce combat va nous entrainer dans des cheminements qui oscilleront entre la dépression, même une forte dépression, et un coup de pied au fond pour remonter à la surface encore plus fort qu’avant.
Avce la maladie, qu’elle soit (il n’y a pas que des cancers), on en sort toujours plus fort. On se tourne vers une certaine « spiritualité », même si on en n’a pas forcément conscience. Un sentiment qui confirme que la vie est plus forte que la maladie. Un sentiment qui nous permet de ne plus avoir peur de mourir. On apprivoise peu à peu le fait d’être mortel.
J’espère que beaucoup de personnes, malades ou pas, liront ce livre sans avoir peur des nombreux détails liés à la maladie, liés à la souffrance. Sans ces mots, et ces maux, le livre n’aurait aucun sens.
Un vibrant témoignage dans le témoignage. Tu as dû également traverser des épreuves. C’est sans doute pour cela que cette chronique sonne aussi juste.