L’absence selon Camille suit Le silence selon Manon et La Transparence selon Irina pour conclure la trilogie de la transparence imaginée par Benjamin Fogel, créateur et éditeur en chef de l’excellente collection Playlist Society. Ce roman futuriste imagine une société tiraillée entre les extrémistes de l’anonymat et les furieux de la transparence dans un combat sans merci touchant la politique, les mœurs et finalement toute la société. Entre polar et chronique sociale, L’absence selon Camille tient en haleine avec sa galerie de personnages qui se croisent et interagissent dans des pages parfaitement rédigées et une ambiance qui interpelle.
L’avenir qui nous attend?
Le roman se déroule en 2060, si loin si proche. La société s’est complètement réinventée, le revenu universel a été institué et la transparence est totale, les secrets de chacun n’en sont plus, les inégalités ont presque totalement disparues, le combat climatique a été adopté par tous et toutes dans les comportements quotidiens devenus des normes, le principe de base est quelque peu ambitieux, l’auteur pointe le curseur sur une dichotomie réel/virtuel en éludant d’autres facteurs, mais la densité est là. Surtout que chaque chapitre suit un personnage différent pour suivre le fil d’une narration complexe et passionnante. Le capitalisme s’est éteint de sa belle mort, la transparence est devenu le système social dominant et institutionnalisé, non sans opposition. Car les Obscuranets réclament le retour de la sacro sainte intimité, ils luttent contre la domination du virtuel sur le réel et ils veulent agir pour révéler ce qui est caché à tous, le mensonge primordial, un secret qui pourrait tout remettre en cause. Benjamin Fogel sait comment susciter l’attention, la curiosité et la réflexion, il utilise le thème de l’anticipation pour renvoyer en miroir à notre réalité actuelle et en imaginer les possibles évolutions, de quoi donner envie de ne pas lâcher la lecture pour comprendre toutes les arcanes de ce récit dystopique. Surtout que chacun des chapitres apporte une pierre à un édifice construit depuis déjà 2 romans, les liens se font, les références filtrent à travers les pages, les personnages ne sortent pas de nulle part, ils ont une cohérence globale avec les épisodes précédents. De quoi conclure que cette uchronie sur la transparence est un grand moment de lecture à ne pas manquer.
Le focus est porté sur le partage total des données de chacun, donc de sa vie, sujet clivant qui recèle des chances mais aussi des risques selon la manière dont cela est appréhendé. L’intrigue est prenante, encore un succès pour Benjamin Fogel.
Synopsis: 2060 : la vie en ligne a supplanté la vie réelle. « Malgré la transparence, on vous ment » : ce slogan qui vient d’apparaitre sur les murs de Paris inquiète les forces de l’ordre. Sébastien Mille, vieux flic bénévole, et sa fille, la commissaire Holly Mille, enquêtent sur l’origine de ces graffitis. Léonard Parvel, 13 ans, fait partie des taggeurs. Persuadé que son père disparu est membres des Obscuranets, mouvement révolutionnaire qui lutte contre la prolifération du virtuel, il participe à des actions insurrectionnelles dans l’espoir de retrouver sa trace.
Editeur: Rivages Noir
Auteur: Benjamin Fogel
Nombre de pages / Prix: 360 pages / 21 euros