L’Alcazar, une chronique sociale de Simon Lamouret (Sarbacane)
Décrivant la vie contemporaine d’un chantier au coeur d’une grande ville d’Inde, L’Alcazar est un roman graphique aux allures de documentaire intimiste signé Simon Lamouret. Un bel ouvrage qui met en scène une société stratifiée, où les origines, les religions, les diplômes et les castes sont autant de couches à l’étanchéité saisissante.
Mais bien que ne se mélangeant jamais, ces peuples différents se retrouvent par exemple sur des projets de construction immobilière dans cette Inde à l’urbanisation galopante. Des simples ouvriers sans le sou aux ingénieurs en passant par les maîtres d’ouvrage et les différents corps de métiers, tous sont obligés de se côtoyer et de travailler ensemble. L’auteur tisse alors une véritable pièce de théâtre où tous les coups sont permis pour sauver sa tête, souvent au détriment des autres.
Une comédie humaine qui offre un aperçu de la misère sociale qui règne de ce côté du globe, malgré une modernisation irrésistible. Tandis que les us et coutumes ont la dent dure, la précarité demeure très présente chez les travailleurs les plus démunis. Et le scénario le décrit très bien à travers des personnages particulièrement attachants.
Côté dessin, l’album est baigné de lumière et l’on ressent presque la chaleur qui frappe ce chantier laborieux. On a plaisir à admirer ces planches qui font voyager en un clin d’oeil.
L’Alcazar est un bel album à découvrir !
Extrait de la BD :
Résumé de l’éditeur :
Sur le chantier d’un immeuble en construction coexistent une dizaine de personnages venus des quatre coins du pays : Ali, le jeune ingénieur inexpérimenté, Trinna, un contremaître intransigeant, Rafik, Mehboob et Salma, manoeuvres provinciaux rêvant de lendemains meilleurs… mais aussi Ganesh et sa bande de Rajasthani, carreleurs hindous aux accents conservateurs qui viennent grossir les rangs de ce chantier supervisé par un jeune et riche promoteur.
Ce petit théâtre offre une vue microscopique de l’Inde contemporaine, où se côtoient langues, religions, chefs et larbins dans une précarité toujours portée par un vent tragi-comique. Et, à mesure que l’immeuble s’élève laborieusement, les rêves et ambitions de chacun se heurtent et s’entremêlent dans ce paysage humain et urbain à couper le souffle.
Les films peuvent toujours plaire aux gens eux-mêmes et les bandes dessinées sont tout aussi gratifiantes.