L’amie, la mort, le fils, un dialogue au-delà de la mort de Jean-Philippe Domecq (Thierry Marchaisse)
Jean-Philippe Domecq, comme chaque année, était en vacances chez son amie Anne Dufourmantelle. Dans le midi. C’était l’été 2017. Après le déjeuner. Petite sieste pour les uns, plage pour les autres. Anne et sa sœur sont descendues à la plage avec les enfants. C’est alors que le drame, inimaginable, se produit.
La noyade
Jean-Philippe Domecq a eu besoin d’écrire après cette tragédie. Besoin de partager le portrait de son amie Anne Dufourmantelle. Comme une évidence. Comme un hommage. Un très bel hommage. C’est ainsi que L’amie, la mort, le fils a vu le jour…
Anne s’est noyée en sauvant de la noyade des enfants. La mer était mauvaise, et les enfants se noyaient, sous ses yeux, sous les yeux des maitres-nageurs. Anne ira les sauver, mais elle n’y survivra pas. Et le fils de Jean-Philippe Domecq faisait partie de ces enfants qui se noyaient. Il a été sauvé par Anne. Anne avait un souffle au cœur. Cet effort intense l’a emportée, définitivement, d’une seconde à l’autre. Anne n’était plus qu’un corps sur la plage.
Portrait d’Anne Dufourmantelle
L’auteur connaissait Anne depuis vingt ans. C’était une amie, son amie. Ensemble ils partageaient leur passion des livres, de la psychanalyse. Car Anne était psychanalyste, philosophe, et romancière. Ensemble ils projetaient d’écrire un livre. Car bizarrement l’auteur était à la fois intrigué et passionné par la mort. Il envisageait, à l’époque, avant le drame, d’ouvrir un cabinet de « Thanathérapie ». Il voulait « non pas nous guérir de la peur de la mort […] mais nous guérir de la peur de cette peur qui elle, est inhibitrice, morbide et mortifère. » p108
A travers son livre, L’amie, la mort, le fils, vous ne saurez pas tout sur Anne Dufourmantelle. Loin de là ! Car l’auteur va juste émettre des hypothèses et ouvrir des voies qui donneront envie aux lecteurs de lire Anne Dufourmantelle et de la découvrir vraiment.
Récit sur la mort
Avec L’amie, la mort, le fils, l’auteur ressent le besoin impératif d’écrire sur la mort. Comme s’il fallait donner un sens à la mort de son amie, une mort tellement inimaginable. Pas question de culpabiliser, le centre de son texte est Anne, pas son fils. Pas son fils sauvé par Anne. Le cœur du livre est occupé magistralement par Anne. Un peu comme une évidence, comme un miracle. Comme une lueur qui éclairerait chacun et tous. Anne n’est plus, le corps d’Anne s’en est allé, mais Anne est encore plus vibrante en chacun d’eux. Et des petits signes leur montrent que quelque part, Anne continue à vivre. « Cette mort parle au-delà de cette mort ».
Publik’Art a reçu ce livre le jour des morts, le 2 novembre. Encore un signe envoyé par Anne. Il devait donc être lu immédiatement. Ce jour où chacun d’entre nous fête ses morts. Ce jour où nous affrontons la mort, ce jour où nous n’avons pas peur de la peur de mourir puisque nous communions avec ceux que nous aimons. L’amie, la mort, le fils devrait nous aider à avancer sur notre propre chemin… de la mort.
Anne Dufourmantelle a péri le 21 juillet 2017 pour sauver des enfants de la noyade en Méditerranée, dont le propre fils de l’auteur.
Elle était psychanalyste, philosophe, romancière, auteure d’une œuvre reconnue de par le monde. Sa notoriété culturelle ne suffit pourtant pas à expliquer l’émotion considérable qui s’est répandue à l’annonce de sa mort, en France et au-delà, jusqu’auprès de gens qui ne l’avaient jamais lue ni entendue.
Ce récit de chagrin livre le portrait d’une femme exceptionnelle, en même temps qu’il médite sur les rapports père-fils, l’origine du sacré et l’aura d’un être qui avait « la passion de l’amitié ».
« Ses traits s’étiraient dès qu’elle voyait autrui heureux. Il n’y a pas beaucoup de gens qui nous donneraient envie d’être heureux rien que pour les rendre heureux. »
Date de parution : le 6 septembre 2018
Auteur : Jean-Philippe Domecq
Editeur : Thierry Marchaisse
Prix : 14,50 € (128 pages)
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