L’amour à la ville est un film concept comme il s’en faisait beaucoup à l’époque. 6 réalisateurs italiens filment le quotidien de leurs compatriotes sous l’angle de l’amour dans tout ce que cela revêt. La séduction, la timidité, la hardiesse, mais aussi les grossesses non désirées et même la prostitution. Entre fiction et documentaire, les 6 cinéastes, dont Fellini, Antonioni et Lizzani, présentent six histoires très différentes, en noir et blanc, avec des voix off constantes et tournées à Rome sous l’effigie du néoréalisme. Le film est passionnant sociologiquement et subjugue par son authenticité.
Une plongée dans un autre temps
Les six films de L’Amour à la ville racontent six histoires presque vraies, réalisées par six grands metteurs en scène italiens sur la misère de l’amour à Rome dans le ton du néoréalisme social. Carlo Lizzani est à la barre de L’Amour qu’on paie qui, comme son nom l’indique, évoque les amours tarifés proposés par des femmes sans ressources dans un monde où tout se paie. Michelangelo Antonioni place des quidams devant un drap blanc dans Tentative de suicide pour les confessions glaçantes d’une jeunesse sans espoirs. Federico Fellini utilise le ton de la comédie dans Une agence matrimoniale avec un homme qui cherche la femme idéale dans des conditions un peu rocambolesques. Alberto Lattuada filme des beautés italiennes zieutées à outrance dans Les Italiens se retournent par des compatriotes subjugués, dans le métro et la rue. L’Histoire de Catherine de Francesco Maselli et Cesare Zavattini suit une jeune femme qui ne peut pas s’occuper de son petit, l’abandonne et se ravise, une vraie tragédie moderne. Le Bal du samedi soir de Dino Risi s’intéresse à ses dancings où les rencontres se font et les couples se défont. L’amour à la ville est une vraie plongée dans le monde de l’après-guerre où tout est en ruines, les rues, les immeubles et semble-t-il les cœurs. Les sourires sont parfois forcés et le mariage est parfois synonyme de moyen de subsistance lorsqu’aucun moyen légal n’existe pour mener une vie décente.
A l’occasion de la fin du confinement et de la réouverture des cinémas, la diffusion de L’amour à la ville est une belle occasion pour renouer avec un cinéma exigeant et hyper réaliste. Parce que le cinéma italien revit de belles heures et a tendance à rappeler ce temps illustre où il trônait tout en haut du cinéma mondial.