Jean-Christophe Rufin, diplomate, médecin, humaniste, écrivain, écrit toujours aussi merveilleusement. On ne peut regretter qu’une seule chose : que le livre soit aussi court ! 156 pages… Beaucoup de livres, y compris des BD, sortent en ce moment pour « célébrer » les 100 ans de la Grande Guerre. Mais ici, on ne parle pas vraiment de la guerre. L’histoire se situe en 1919.
Editions : Gallimard
Date de parution : août 2014
Auteur : Machin Truc
Prix : 15,90€ (160 p)
___________________________________
4ème de couverture :
Dans une petite ville du Berry, écrasée par la chaleur de l’été, en 1919, un héros de la guerre est retenu prisonnier au fond d’une caserne déserte. Devant la porte, son chien tout cabossé aboie jour et nuit. Non loin de là, dans la campagne, une jeune femme usée par le travail de la terre, trop instruite cependant pour être une simple paysanne, attend et espère. Le juge qui arrive pour démêler cette affaire est un aristocrate dont la guerre a fait vaciller les principes.
Trois personnages et, au milieu d’eux, un chien, qui détient la clef du drame…
Plein de poésie et de vie, ce court récit, d’une fulgurante simplicité, est aussi un grand roman sur la fidélité. Être loyal à ses amis, se battre pour ceux qu’on aime, est une qualité que nous partageons avec les bêtes. Le propre de l’être humain n’est-il pas d’aller au-delà et de pouvoir aussi reconnaître le frère en celui qui vous combat ?
___________________________________
Mon avis sur le livre :
Dès le début du livre, un juge demande au prisonnier de présenter ses excuses pour ce qu’il a fait et l’histoire en restera là. Mais le prisonnier, Jacques Morlac refuse… et attend d’être jugé. Il veut être jugé. Pour quoi ? On ne sait qu’à la toute fin du livre, le délit qu’a commis le fameux prisonnier…[pull_quote_right]C’est un livre sur la fidélité, l’amitié mais aussi et surtout sur l’orgueil.[/pull_quote_right]
Très peu de personnages. Un prisonnier, un juge et une jeune femme. Et au centre de tout : un chien. Le chien du prisonnier mais qui fut aussi le chien de … Un chien qui ne cesse d’aboyer alors que son maître est en prison… Un chien qui porte un nom d’homme : Guillaume. Un chien qui ne veut pas quitter le prisonnier et que le prisonnier n’aime pas plus que ça… Mais pourquoi ? Un chien plus courageux que l’homme ? Plus fidèle que l’homme ? Le chien est fidèle jusqu’au bout, sans intelligence. Sans calcul. Chien héros ou homme héros ? Chien dans les tranchées. Une histoire vraie.
Rufin explique magistralement le rapport chien-homme. Et on comprend même mieux Guillaume que Jacques… C’est inquiétant en quelque sorte. L’homme reste complexe et contradictoire… Et l’orgueil ? L’homme ne se blesse-t-il pas lui-même par orgueil ? C’est un livre sur la fidélité, l’amitié mais aussi et surtout sur l’orgueil. L’orgueil de l’homme.
Si Rufin a écrit ce livre, c’est grâce à son ami photographe Benoît Gysembergh qui lui a raconté une anecdote de son grand-père de la guerre de 14 que Rufin n’a jamais oubliée et qu’il a transcrite dans ce livre dédié à son ami. Hélas, Benoît ne le lira jamais, emporté par la maladie avant la parution du roman.
Un très beau livre à mettre entre toutes les mains.