Le City Hall est la mairie, mot qui résume assez bien les intentions du réalisateur, pas à son premier coup d’essai en mtière de documentaire. Monrovia, Indiana (2018) montrait la vie dans une localité conservatrice du Midwest, Frederick Wiseman fait maintenant un focus sur un maire ouvert et hyperactif, maire de la ville de Boston. Le documentaire montre par l’exemple ce qu’est une politique vertueuse de service public, décidé à lutter contre l’exclusion. Plus de 4h34 de film n’est pas inutile pour saisir toutes les difficulté de la fonction. Le réalisateur continue à filmer les Etats-Unis dans toute leur diversité territoriale.
Un documentaire éclairant
Après la prison d’État de Bridgewater dans Titicut Follies en 1967 ou le bureau d’aide sociale à New York dans Welfare en 1975, Frederick Wiseman choisit de montrer la complexité de la fonction de maire. Pas de politique spectacle ici, pas de raccourcis lapidaires, la vie d’un homme d’action a besoin de temps pour s’établir et presque autant pour se révéler. La démocratie est montrée dans toute sa nécessaire langueur, du temps se passe entre les longues décisions et les encore plus longues applications. La caméra fixe patiemment les rues de la ville, à hauteur d’hommes pour interroger sur l’inévitable inertie de la fonction publique. La façade de l’hôtel de ville semble le vrai héros du documentaire, monolithique, imposante, muette, représentant le maire décidé à faire bouger les choses dans l’intérêt de ses citoyens. Les petites gens sont également montrées, ces éboueurs besogneux, les fonctionnaires de la voierie, les responsables des espaces verts, toute la diversité des services de la ville sont mis en exergue dans une langoureuse farandole. Loin de toute caricature, le documentaire s’intéresse à la basse réalité, celle qui fonde le vivre ensemble. Le maire Marty Walsh est décortiqué, avec des focus sur ses origines, ses convictions et ses objectifs. City Hall montre surtout que chaque citoyen a le droit à la parole, malgré les dissensions entre communautés et les blocages qu’ils occasionnent, avec la chance d’une vraie réflexion pour les dépasser et continuer à faire changer les choses. La démocratie participative est un vrai challenge mais aussi un vrai moyen d’impliquer les citoyens dans leur destinée commune.
Le film de Wiseman montre la possibilité de surmonter les obstacles, à force de patience et de volonté. Les 4h34 ne sont pas une mince affaire mais laissent le sentiment final d’un moment nécessaire pour comprendre comment fonctionne une ville qui s’affiche comme décidée à aider les plus défavorisés comme tous les autres citoyens.
Synopsis: Frederick Wiseman investit la municipalité de Boston, où le Maire démocrate Marty Walsh et ses équipes travaillent dans un esprit participatif et collaboratif avec les citoyens, à la mise en place d’une politique sociale, culturelle et égalitaire.