Le Lucernaire profite d’un cycle Truffaut dans ses salles de cinéma pour invoquer le grand réalisateur à travers ses échanges épistolaires. Car il a beaucoup écrit à une époque où les réseaux sociaux n’étaient encore qu’un doux rêve. Pour féliciter, échanger ou pousser des coups de gueule, rien ne valait la feuille de papier griffonnée et adressée à son destinataire. La pièce voit David Nathanson accompagné d’un pianiste (sur qui il ne faut pas tirer!) enchainer les tirades, dans le ton exact des missives. Tantôt flatteur, souvent râleur, l’homme invectivait dans un langage toujours châtié, parfois pas très correct, il n’avait pas de limites. Car Truffaut était un passionné, il s’emportait ou s’enthousiasmait avec excès et sincérité. Et l’homme était un auteur, un vrai, bourreau de travail et toujours en mouvement. Pour le figurer, le comédien bouge beaucoup et mime les expressions de celui qui n’arrêtait pas d’écrire. A Jean-Luc Godart, à Alain Souchon, à Alfred Hitchcock, les interlocuteurs sont divers et variés, les spectateurs peuvent deviner les époques des lettres en les rapprochant des titres des films invoqués. Fahrenheit 451, l’amour en fuite, les 400 coups, et comme le pianiste s’inspire des airs des films, le contexte est tout brossé. Les fans de cinéma sont ravis de cette plongée dans un monde d’images et d’idées pour lesquelles le réalisateur se passionnait, parfois avec grandiloquence, toujours avec sincérité. L’heure de spectacle passe dans un souffle tant son contenu est passionnant. La mise en scène de Judith d’Aleazzo et David Nathanson concourt à installer un rythme qui ne perd jamais en intensité, les mots sont beaux, ils sont prenants, impossible de les sortir de son esprit une fois la pièce finie dans une belle salve d’applaudissements.
Le cinéma du Lucernaire organise un hommage à François Truffaut du 16 au 27 octobre avec à l’affiche trois de ses plus beaux films Les 400 coups, Jules et Jim et Fahrenheit 451.
Synopsis:
UNE VIE EN TOUTES LETTRES
Truffaut-Correspondance est un spectacle impressionniste, un portrait en creux du cinéaste où s’exprime par petites touches et à travers un choix de lettres éminemment subjectif ce qui, chez lui, nous bouleverse et nous remue. On y parle enfance (beaucoup), cinéma (un peu), politique (parfois) et surtout de ce qui nous construit et fait de nous des humains pétris de contradiction. Il faut dire et entendre Truffaut pour se rendre compte à quel point, l’homme est auteur autant que cinéaste.
Truffaut-Correspondance, c’est « notre » Truffaut, celui qui nous parle, celui qui , raconte une époque, un homme et au final un peu du monde qui nous entoure.
Des lettres sublimes qui racontent la vie d’un cinéaste passionné et d’un homme d’une intégrité absolue.
Détails:
Jusqu’au 10 novembre 2024
Mardi > samedi 19 h | Dimanche 15h30