Le testament de Marie, un livre de Colm Toibin (Robert Laffont)
Colm Toibin est un auteur irlandais, connu et reconnu dans le monde entier. Son écriture se caractérise par une puissance du langage et une intensité des émotions. Dans Le testament de Marie, il nous livre son interprétation d’une histoire mondialement connue. Cette réécriture est novatrice, car elle a le mérite de donner la parole à un des personnages centraux, mais qui paradoxalement n’a jamais été mis en avant et écouté, ce personnage n’est autre que Marie.
L’auteur ne nous dépeint pas Marie comme une « sainte » ou bien encore comme une idole. Mais au contraire, elle nous est présentée comme une femme et une mère meurtrie par la perte de son fils.
Le livre n’est qu’un long monologue intérieur de cette mère, qui nous livre ses souvenirs, ses sentiments vis-à-vis de la tragédie que va vivre son fils. Celle-ci souhaite enfin parler et donner sa vérité en dépit des hommes qui veulent la faire taire. Cette femme dérange car elle veut remettre en question l’image de son fils créée par ses compagnons.
Le testament de Marie, est un roman court, seulement 121 pages, mais celles-ci sont chargées en émotions qui happent le lecteur pour le laisser à la fin désarçonné face au combat de cette femme.
Ils sont deux à la surveiller, à l’interroger pour lui faire dire ce qu’elle n’a pas vu. Ils dressent de son fils un portrait dans lequel elle ne le reconnaît pas et veulent bâtir autour de sa crucifixion une légende qu’elle refuse. Seule, à l’écart du monde, dans un lieu protégé, elle tente de s’opposer au mythe que les anciens compagnons de son fils sont en train de forger. Lentement, elle extirpe de sa mémoire le souvenir de cet enfant qu’elle a vu changer. En cette époque agitée, prompte aux enthousiasmes comme aux sévères rejets, son fils s’est entouré d’une cour de jeunes fauteurs de trouble infligeant leur morgue et leurs mauvaises manières partout ou ils passent. Peu à peu, ils manipulent le plus charismatique d’entre eux, érigent autour de lui la fable d’un être exceptionnel, capable de rappeler Lazare du monde des morts et de changer l’eau en vin. Et quand, politiquement, le moment est venu d’imposer leur pouvoir, ils abattent leur dernière carte : ils envoient leur jeune chef à la crucifixion et le proclament fils de Dieu. Puis ils traquent ceux qui pourraient s’opposer à leur version de la vérité. Notamment Marie, sa mère. Mais elle, elle a fui devant cette image détestable de son fils, elle n’a pas assisté à son supplice, ne l’a pas recueilli à sa descente de croix. À aucun moment elle n’a souscrit à cette vérité qui n’en est pas une.
Date de parution : le 20 août 2015
Auteur : Colm TÓIBÍN (traduit par Anna GIBSON)
Editeur : Robert Laffont
Prix : 14 € (126 pages)
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