Le tourbillon Berlin Kabarett emporte tout sur son passage au Théâtre de Poche Montparnasse
L’évènement théâtre du moment se situe au Théâtre de Poche Montparnasse avec une pièce qui invoque la décadence et l’outrance de l’époque berlinoise interlope des années 20 tandis que les bruits de bottes nazies se font de plus en plus entendre dans une Allemagne toute prête à s’offrir au dictateur à la moustache en brosse à dents. Des musiciens accompagnent les comédiens chanteurs danseurs qui ne se ménagent pas une seconde sur scène, la toujours fringante Marisa Berenson en tête. Le ton est à la comédie tragicomique pour des personnages qui tentent de passer outre le flot tumultueux de l’histoire jusqu’à un dénouement qui cloue le bec de l’audience. Un moment rare de théâtre!
Une pièce entre nostalgie et rappel à l’ordre
Dans une époque actuelle où l’antagonisme anxiogène entre êtres humains tend à être de plus en plus sollicité par les politiques comme les médias, Berlin Kabarett prend le contre pied en exposant l’existence tumultueuse d’une bande d’outsiders qui tente de continuer à vivre comme bon leur semble malgré la montée des interdits. La pièce enchaine de manière ininterrompue les tours de chant, Sebastian Galeota en tête avec son personnage de fils délaissé par sa mère tenancière de tripot et déçue par la voie choisie par son rejeton. Jacques Verzier interprète un poète somnambule qui hante les nuits berlinoises et se joue de la censure nazie galopante. Tous deux et Marisa Berenson s’amusent follement sur scène, enchainant les numéros dans un tapage ininterrompu qui suscite l’engouement du public. La salle du théâtre place les spectateurs à immédiate proximité de la scène dans une ambiance de cabaret décomplexée. Car sans être vraiment vulgaires, les textes savent louvoyer à la limite du premier degré et du racolage pour un effet comique immédiat sur l’audience. Une belle ribambelle de journalistes assistait à la première du spectacle et les applaudissement étaient à la mesure de la performance. L’image de Marlène Dietrich ou de tous ces films évoquant la vie de cabaret dans le Berlin des années 20 ressurgit devant cette évocation d’une décadence menant tout droit à l’abîme, la folie de l’instant ne faisant ni oublier ni disparaitre les spectres qui s’agitent dans l’environnement social et politique du début des années 30. Un groupe resserré de 3 musiciens avec piano, percussions et cornet participe activement aux réjouissances en adjoignant une ambiance musicale truculente à la fête. La mise en scène de Stéphan Druet ne donne aucun répit au personnages qui utilisent toute la surface de la scène pour un sentiment de fusion constante. Les sourires succèdent aux mines déconfites sur les visages des spectateurs à mesure que l’inéluctable se fait plus pressant. La vie nocturne des années 20 berlinoises ne fut qu’une parenthèse enchantée qui ne pouvait hélas rien contre le flot de l’histoire. Nous voilà prévenus, il ne sert à rien de regarder la montée des tensions en gardant des mines impuissantes, c’est la montée qu’il faut juguler car après, il est trop tard.
Berlin Kabarett prend possession du Théâtre de Poche Montparnasse du jeudi au samedi à 21h et le dimanche à 17h30 pour un spectacle irrésistible. Quand le théâtre offre une telle prouesse sur sa scène, c’est le moment de réserver tout de suite une place!
Dates : du 24 mai au 15 juillet, du jeudi au samedi à 21h, dimanche à 17h30
Lieu : Théâtre de Poche Montparnasse (Paris)
Metteur en scène : Stéphan Druet
Avec : Marisa Berenson, Stéphane Corbin, Sebastian Galeota, Jacques Verzier ou Olivier Breitman, Loïc Olivier ou Hugo Chassaniol aux percussions, Victor Rosi au cornet