Le documentaire récent Babi Yar Contexte revenait sur de terribles crimes contre l’humanité perpétrés en Ukraine pendant la seconde guerre mondiale. Les âmes perdues suit un déroulé assez proche en revenant sur la répression exercée par le régime de Bachar Al Assad contre le soulèvement du peuple syrien en 2011 pendant le Printemps Arabe. L’UNICEF compte près de 400 000 syrien tués en 10 ans de guerre civile. Un photographe de la police militaire syrienne a diffusé en 2014 des dizaines de milliers de photos de victimes torturées et tuées pour mettre en exergue les méthodes criminelles du régime.
Un documentaire terrifiant
Ce qui pourrait servir de preuves lors d’un éventuel procès de crime contre l’humanité à l’encontre du régime syrien est à la base d’une enquête sur les agissements d’un régime qui n’hésite pas à user de méthodes extrêmes pour assurer sa survie. Les âmes perdues fait plonger au cœur d’une bataille juridique complexe et met en lumière les difficultés liés à la collecte de preuves et de coopération au niveau international pour poursuivre des criminels de guerre. A travers le récit des crimes de l’état en Syrie, le spectateur ne peut plus dire qu’il ignorait ce qui se passait, gardant à l’esprit la passivité des instances internationales devant une situation que personne n’a le courage de vraiment dénoncer. Ce sont des hommes et des femmes qui trouvent cette valeur cardinale pour dénoncer des agissements inhumains. Les proches des victimes montrent une ténacité admirable pour que les victimes ne soient pas oubliées et que l’état syrien soit placé un jour sur le banc des accusés lors d’un procès. La douleur côtoie l’espoir lors de scènes déchirantes qui ravivent des évènements funestes. Au printemps 2023, ce sont 3 dignitaires syriens qui furent jugés et inculpés en France, résultat d’un travail d’investigation relaté dans le documentaire. L’espoir est toujours là.
Le récit des exactions perpétrées par le régime syrien à partir de 2011 contre la population emprisonnée, torturée et assassinée fait froid dans le dos, à la limite de l’insoutenable tant le récit est rendu ultra réaliste. Une famille espagnole et une famille française ont porté plainte pour la disparition de leurs proches dans les prisons de Damas. L’histoire dira si justice aura été faite. Le documentaire est disponible en DVD pour un vrai choc viscéral.
Synopsis: En 2014, un mystérieux déserteur, portant Ie nom de code César, divulgue des dizaines de milliers de photos des victimes du régime syrien, morts sous la torture. Alors que les suppliciés sombrent dans l’oubli et que des milliers de civils disparaissent, leurs familles, leurs avocats et un petit groupe d’activistes tentent de déposer des plaintes dans des tribunaux européens. Ce film raconte les rebondissements d’enquêtes et de procédures qui conduiront à l’émission de mandats d’arrêts contre les plus hauts responsables de l’administration de Bachar al Assad, pour crimes contre l’humanité.