Date de sortie : le 6 mars 2014
Auteurs : Gabrielle Piquet (scénario et dessin)
Prix : 17 €
Les idées fixes est le dernier album de Gabrielle Piquet (Trois fois un, Les Enfants de l’envie, Arnold et Rose). Un album où il est beaucoup question d’amour fraternel, de tendresse, mais aussi de différences. Entre celui qui est normal et celui qui ne l’est pas…
Résumé de l’éditeur :
Achille et Adrien sont frères. Achille est un ancien « enragé de la mer » qui ne la prend plus depuis vingt ans. Il veille sur Adrien, considéré comme l’idiot du village, qui, sans lui, n’aurait sans doute ni gîte ni couvert. Adrien raconte à qui veut bien lui prêter attention, qu’il entend des voix et qu’il reçoit souvent la visite de morts, notamment de marins perdus en mer. Il a un « esprit de travers, qui lui fait des misères mais aussi lui fait voir les plus belles histoires. Il va marcher des heures, il disparaît des jours… On le revoit hagard ou riant aux éclats… Et le voilà qui prie du matin au soir. Ses phrases sont des énigmes, il parle par ellipses, il hurle sans raison, fait plein de contorsions… Et son plus grand plaisir, c’est de faire peur aux gosses. » Au village, on est habitué, il n’est pas méchant. Son médecin et Achille pensent que ces « fantaisies » sont une façon de fuir des horreurs du passé, et qu’elles cesseront le jour où Adrien se décidera à parler de ce qu’il a vécu pendant deux ans en Algérie… Achille, quant à lui, était marin pêcheur. Il a un jour prêté son bateau L’Agathe, à une famille de touristes, mais ni le bateau ni la famille ne sont jamais revenus. Disparus en mer ? Aujourd’hui, cela fait vingt ans, jour pour jour que L’Agathe a disparu. Achille est nerveux, et Adrien, comme chaque année à la même époque, lui déclare que bientôt son bateau reviendra, que c’est l’âme d’un marin qui le lui a dit. La poésie, la délicatesse, la tendresse de Gabrielle Piquet créeront le miracle, celui de l’Agathe…
Dans Les idées fixes, Gabrielle Piquet propose un récit touchant, délicat et sensible. Quelque chose d’aérien et de doux comme une plume. Une plume savante et minimaliste, comme celle de son auteur qui distille une atmosphère unique à travers ses mots, dans une apparente simplicité. Un scénario qui prend son temps, s’attarde sur des petits rien, ces petites choses qui font la vie d’Adrien, notamment, et donne parfois la sensation de se perdre un peu. Le cap ne semble pas fixé, contrairement aux idées, mais c’est sans doute l’effet recherché, même s’il peut être désarmant pour le lecteur.
Gabrielle Piquet illustre son propos par des dessins aux lignes fines, presque clairsemées, sur des planches sans cadre ni bulle, où tout s’enchevêtre. Ici aussi, il y a de quoi dérouter. Pourtant on y trouve toujours facilement son chemin. Un style loin des conventions.
Les idées fixes est donc un album inhabituel dont il est difficile de dire que l’on aime ou pas. Il y a autant de raison d’aimer que de ne pas aimer. Et au fond, c’est ça, la poésie.