Les révoltés de l’an 2000, un film fantastique horrifiant de Narciso Ibáñez Serrador, au cinéma le 12 août dans sa version originale

Les révoltés de l’an 2000

Interdit aux moins de 16 ans à l’époque de sa sortie, prix de la critique au Festival d’Avoriaz 1977, les Révoltés de l’an 2000 est un cauchemar éveillé pour ce couple d’anglais (glaçants Lewis Fiander et Prunella Ransome) pris en otage pendant leurs vacances passées sur une île espagnole. Le principe de base du film est extrêmement dérangeant avec cette horde d’enfants comme hypnotisée par l’un d’entre eux et décidée à se débarrasser de tous ces adultes à l’origine de tant de massacres de par le monde. Les premières minutes du film n’y vont d’ailleurs pas par 4 chemins avec un résumé des pires atrocités du XXe siècle, avec toujours les enfants comme principales victimes. L’horreur de l’époque était bien plus soft qu’aujourd’hui, ce qui n’empêche pas le film d’atteindre sa cible, impossible de rester insensible. Le film ressort en salles le 12 août dans sa version originale anglo-espagnole.

Un tabou battu en brèches

Le réalisateur uruguayen Narciso Ibañez Serrador s’est fait un spécialiste des ambiances horrifiantes avec comme grand œuvre la série d’horreur culte Historias para no dormir produite entre 1965 à 1982. Le réalisateur a réalisé uniquement deux films pour le cinéma, La Résidence en 1969 et Who can kill a child? en 1976 (titre en VO des révoltés de l’an 2000). En mêlant la thématique enfantine à l’horreur, il était évident que le réalisateur aimait à se frotter au tabou social universellement admis qu’on ne touche pas aux enfants. Il insiste dans ce film en prenant comme cadre Almanzora, une île paradisiaque au large de la station balnéaire de Benavis. Quand ils arrivent en bateau sur l’île, les deux adultes amoureux avec la femme enceinte de 6 mois découvrent une ville déserte et abandonnée seulement peuplée d’enfants silencieux et visiblement hostiles. La réalisation du film est un peu datée, avec un rythme lancinant et très peu d’effets visuels. Pourtant, à l’époque, le film fut interdit en Finlande et en Islande car jugé trop violent. Il faut dire que cette adaptation du roman de Juan José Plans El juego de los niños est un vrai cauchemar éveillé car ce sont bien les enfants qui sont la menace. Leurs rires enfantins se mélangent à des actions violentes qui mettent mal à l’aise. Et quand le couple comprend qu’il va devoir tuer un enfant pour s’en sortir, le malaise s’installe encore plus profondément. Le sujet extrêmement subversif dépasse la violente proprement dite montrée à l’écran. Il faut dire que le générique initial de 8 minutes accumule les images d’enfants en proie à la famine, abandonnés ou en train de mourir, pas du cinéma, juste la vérité crue de l’histoire du XXe siècle. Le malaise commence donc même avant le début du film. Soleil et images dignes du genre Western Spaghetti accompagnent une intrigue qui fait froid dans le dos. Pas de zombies ou de serial killers, juste des enfants d’apparence inoffensive qui rivalisent d’imagination et d’application pour se débarrasser de tous les adultes qu’ils croisent sur leur chemin, comme une référence au prologue. Pour empêcher le monde de sombrer dans une violence atroce, il faut annihiler l’origine de cette violence, les adultes. Peu de sang à l’écran, mais ce sentiment lancinant que le réalisateur a fait voler en éclats en tabou. Les enfants ne sont plus d’innocentes victimes incapables de se défendre et le sentiment d’horreur généré est plus réaliste que fantastique. Certains se rappelleront que le film date de 1976, époque où l’Espagne sortait tout juste du règne interminable du dictateur Franco, d’où cette volonté d’aller très loin dans un film assez unique.

Le réalisateur cherche à faire un parallèle entre l’enfant que chacun de nous a été et l’adulte impitoyable que nous pouvons devenir. La violence des enfants se rapproche de la violence gratuite des adultes et interpelle. En cela, même si un peu daté, le film devient un pamphlet anti-guerre avec pour objectif de protéger les enfants contre les assassins qu’ils pourraient devenir. Si on ajoute quelques scènes finales assez horribles philosophiquement, le film devient inoubliable. A découvrir au cinéma le 12 août!

Synopsis: Un couple de touristes anglais arrive sur une île espagnole. Bientôt, ils se rendent compte que les enfants règnent en maîtres sur l’île et qu’ils assassinent tous les adultes.

NOS NOTES ...
Originalté
Réalisation
Jeu des acteurs
Plaisir de la séance
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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