Un film sur les blessures de l’après seconde guerre mondiale avec L’ombre du feu de Shinya Tsukamoto, sortie en salles le 1er mai

Le film débute dans un bar au Japon, à moitié détruit, plus personne n’y rit ni y passe des moments de détente. Les rires sont finis depuis la fin de la seconde guerre mondiale, reste l’instinct de survie et la débrouille pour subsister. Une femme veuve y gagne sa vie en vendant son corps. 2 personnages vont la rejoindre avec le même constat de blessures indélébiles marquées au fer rouge dans leur esprit et dans leur corps, un très jeune orphelin de guerre et un soldat démobilisé. Tous 3 tentent de cohabiter dans l’espoir de meilleurs lendemains mais les traumatismes sont trop profondément ancrés en eux pour les laisser vivre sans tension.

Après les horreurs de la guerre

De nombreux films existent sur l’après seconde guerre mondiale au Japon, avec souvent comme élément central les ravages des 2 bombes atomiques lâchées sur Hiroshima et Nagasaki. Pluie noire, Hiroshima, Onoda, la nation derrière son empereur pour conquérir l’Asie au prix d’exactions sans limites a très mal vécu la défaite et les traumatismes en découlant. Le réalisateur Shin’ya Tsukamoto ausculte les traumatismes cachés mais bien présents d’un peuple soumis à rude épreuve. Déjà plus si jeune et déjà à la barre de ses premiers courts métrages au début des années 70, il choisit 3 destins entremêlées pour ouvrir à l’universalité. Sans scènes de combat ni gros conflits, il parvient à filmer dans les regards les images imprimées pour toujours sur les rétines. D’abord considérés comme des animaux blessés, sans nom ni histoire, le trio tente de se reconstruire en faisant front, dans l’espoir de trouver dans l’autre un soutien pour surnager. Mais la reconstruction demande du temps et surtout une analyse personnelle pour revenir à la surface. D’abord huis clos entre les 4 murs du bar délabré, le film ausculte les consciences avec des réminiscences du passé comme des coups de couteau qui empêchent de dormir, font émettre des hurlements sans crier gare ou font se rouler en boule en réflexe de survie. Le monde extérieur est longtemps passé sous silence, comme si plus personne ne subsistait aux alentours, donnant à leur quête commune un air de film de zombies. Pourtant le gamin des rues débrouillard et chapardeur, la veuve éplorée livrée à la concupiscence de ses semblables et le soldat abandonné vont tenter de vivre, mais leur histoire commune ressemble à un film d’horreur psychologique, chacun a des déchirures à refermer et un travail sur soi à terminer. Le réalisateur fait une grande économie de mots, les images parlent souvent d’elles mêmes pour faire apparaitre la panique enfouie dans chacun des esprits.

Quand les personnages finissent par fuir l’abri précaire mais rassurant du bar, le vrai travail sur soi va pouvoir commencer. Difficile d’en dire plus sans mettre à mal l’intrigue du film, le cheminement n’est pas sans sacrifices ni blessures supplémentaires, mais la liberté est à ce prix dans ce film qui bouscule et à découvrir en salles le 1er mai..

Synopsis: Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Japon tente péniblement de se relever et de panser ses blessures. Unique survivante de sa famille, une jeune femme passe son temps enfermée dans le bar délabré qui lui sert de refuge, attendant le client. Un jour, elle voit débarquer un petit orphelin chapardeur et un jeune soldat démobilisé. Entre ce trio atypique, un semblant de vie de famille commence à s’installer. Hélas, les traumatismes de la guerre auront tôt fait d’anéantir ce bonheur fugace…

NOS NOTES ...
Originalité
Réalisation
Jeu des acteurs
Plaisir de la séance
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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