Lisbonne mélancolique de Philippe Besson (Julliard)
Les deux personnages du dix-septième roman de Philippe Besson, Les Passants de Lisbonne, sont des revenants. Terrassés par de récents drames respectifs, ils se croisent par hasard puis se parlent, dans l’hôtel lisboète qu’ils ont choisi pour abriter leur solitude et leur insondable chagrin.
S’il est impossible de comparer leurs souffrances, force est d’admettre que celle d’Hélène surpasse de très loin celle de Mathieu. Pourtant, elle sait qu’il lui faudra « se défaire de ce qui l’encombre, se rendre plus légère, plus disponible à ce qui arrivera, plus accessible aux vivants. »
Difficile de retenir une larme à l’évocation de leurs désastres, pudiquement racontés par la plume douce et mélancolique de l’auteur. Dans ce bref roman (192 p.), il est question de mort et de deuil impossible, d’absence irréversible qui fait perdre le goût de vivre mais aussi de ces rencontres lumineuses et de ces hasards bienheureux qui rendent soudain l’espoir envisageable. Les Passants de Lisbonne raconte le croisement de deux trajectoires, deux âmes et deux paroles intranquilles qui, soudain réconfortées par la présence de l’autre, son écoute et sa bienveillance, reprennent confiance en l’existence.
Un très beau livre, comme une célébration du lien humain, une ode aux rencontres, fantastiques sources de consolation.
On ne renonce jamais vraiment, on a besoin de croire que tout n’est pas perdu, on se rattache à un fil, même le plus ténu, même le plus fragile. On se répète que l’autre va finir par revenir. On l’attend. On se déteste d’attendre mais c’est moins pénible que l’abandon, que la résignation. Voilà : on attend quelqu’un qui ne retiendra probablement pas.