Le conflit israélo-palestinien est un thème récurrent de la BD contemporaine, comme la guerre d’Espagne ou le conflit cambodgien. Le duo Céline de Gemmis / François Bégnez s’intéresse au destin de Mohamed, jeune palestinien dépolitisé par ses parents est confronté à ses dépens à la réalité politique de son temps alors que l’Intifada bat son plein. Loin d’être un réquisitoire pro-palestinien et anti-israélien, la BD insiste sur l’importance du libre arbitre et de l’éducation pour s’élever au-dessus de la mêlée. Pas forcément une solution au conflit mais une belle manière de prendre du recul.
Une BD tragicomique
Moi palestinien mais presque choisit de détricoter le destin d’un palestinien venu en France et devenu chercheur. A 13 ans, Mohamed est arrêté en marge d’une manifestation et cuisiné pendant 8 mois par l’armée israélienne. Le jeune garçon studieux doit cohabiter avec des activistes, des religieux et d’autres victimes innocentes, sans que cela n’émeuve quiconque, la fatalité est de mise. Le dessin de François Bégnez à la limite de l’enfantin insiste sur les souvenirs d’enfance d’un immigré devenu adulte et qui se remémore cette période centrale de son existence. Après la première incarcération, deux suivront avec une évolution lente mais inévitable vers l’activisme car le jeune homme n’arrive plus à rester insensible à une situation qui se tend de plus en plus. Le cercle vicieux qui l’enserre petit à petit trouve une issue salvatrice dans les études et le départ en France. Car Mohamed a toujours vécu dans un environnement familial progressiste, loin des carcans religieux castrateurs. La situation politique, combien inextricable, est surtout un frein à son destin, qu’il doit donc accomplir à l’étranger pour échapper à une chape de plomb liberticide. Car la BD insiste sur ce point, l’abrogation de la liberté, le repli sur soi et la peur de l’autre sont les conséquences inévitables d’une situation immanquablement violente et belliciste. Le héros parvient à ne pas céder, mais à quel prix. Céline de Gemmis donne du rythme à un récit souvent à deux doigts de verser dans la tragédie mais que le héros saupoudre d’éléments positifs pour souligner sa force de caractère. La lecture est aussi divertissante qu’intéressante, grâce à deux auteurs qui parviennent à s’approprier le récit véridique d’un homme et en faire un hommage à sa résilience.
Moh palestinien mais presque est une lecture surprenante, montrant bien que tous les hommes ne sont pas toujours vindicatifs et que l’éducation est une issue magique pour garder les pieds sur terre. Encore une belle réussite des éditions La Boîte à Bulles!
liberticide. Cisjordanie 1989. Mohamed, un jeune garçon de 13 ans, est arrêté dans une manifestation de rue, alors qu’il se trouvait là en simple curieux, en rentrant de l’école. Condamné à 8 mois d’emprisonnement, il comprend que sa vie a basculé et qu’il a, à ses dépens, cessé d’être un enfant.
Durant son incarcération, il établit des liens entre ce qui lui tombe dessus et le quotidien des Palestiniens. Il se questionne sur les juifs, les musulmans, les Israéliens, les arabes, le conflit, la colonisation. Il mûrit ses idées et idéaux. à sa sortie de prison, il s’engage dans une organisation marxiste-léniniste. Un engagement politique qui le ramènera à plusieurs reprises sous les verrous.
Brisé et incapable d’apprécier le quotidien, Mohammed tente de se reconstruire en reprenant le chemin du lycée, sans pour autant abandonner ses activités politiques…
Mohammed vit désormais en France, il est chercheur.
Date de parution : 2 mai 2019
Scénariste(s) : Céline de Gemmis
Dessinateur(s) : François Bégnez
Genre : Biopic
Editeur : La Boîte à Bull
Prix : 16 € (112 pages)