Mon Père, un cri d’horreur de Grégoire Delacourt (JC Lattès)

Mon Père, un cri d’horreur de Grégoire Delacourt (JC Lattès)

Les violeurs d’enfants, au sein de l’Eglise, sont, hélas d’actualité. Normalement, ce jour, le 20 février 2019, le dernier livre de Grégoire Delacourt, Mon Père,  sort en même temps que le film de François Ozon, Grâce à Dieu, qui raconte l’histoire vraie du Père Preynat qui a violé plusieurs scouts. Car François Ozon en a eu, enfin, l’autorisation par la justice française !

Parallèle avec Isaac

Si l’histoire de Mon Père tourne autour de Benjamin, l’auteur nous fait un parallèle très troublant avec la Bible et l’histoire d’Abraham prêt à sacrifier son fils, Isaac, comme Dieu le lui demande. Et tout au long du livre, on retrouve les explications de l’auteur qui décortique certains passages de la Bible. Cela ne vous rapprochera pas de Dieu, bien au contraire ! Le narrateur est le père biologique de Benjamin, Edouard. Tout va bien dans la famille jusqu’au moment où les parents de Benjamin se séparent. Et le mal-être de Benjamin va être mis sur le compte de la séparation. Benjamin se referme, dans tous les sens du terme. Et personne ne sent la douleur de cet enfant d’une dizaine d’années.

Cri d’horreur et de révolte

Quand le père découvre l’horreur qu’a vécu son fils, suite à un passage aux urgences, il s’effondre. Pire. Une partie de lui meure. Il s’en veut terriblement de n’avoir rien vu, de n’avoir rien senti, de n’avoir pas su écouter son fils. Et surtout ne n’avoir pas su le protéger. Si Benjamin est encore vivant après avoir vécu l’horreur absolue, son père sait qu’une partie de lui est complètement morte. Lui-même se sent complètement perdu.

Comprendre

Edouard veut comprendre ce qu’a vécu son fils. Comprendre et savoir dans les moindres détails ce que son fils a subi. Vivre l’horreur pour savoir, pour se mettre à la place de son fils. Lui qui culpabilise de ne pas avoir su le protéger, de l’avoir jeté dans la gueule du loup. Est-il capable de le venger ? A-t-il su faire face à cette monstruosité ?
Le lecteur non plus ne sera pas épargné. L’horreur doit être montrée, par tous les moyens. C’est facile de parler de viol, mais beaucoup moins de connaître ce qui se cache sous ce mot. Une torture. Une véritable monstruosité. Un anéantissement total. Un côté bestial insupportable.
Il y a un avant et un après. Plus personne n’aura cette insouciance de l’enfance, après.
Si le narrateur parle de sa lâcheté, et aussi de notre « lâcheté millénaire, à moins qu’elle ne soit notre humanité millénaire », (p.203), il parle aussi de notre justice lamentable quand il s’agit de condamner des violeurs (voir extrait en bas de l’article).

Enfants victimes

Mon Père dénonce non seulement l’horreur absolue d’un viol sur un enfant, mais aussi l’horreur qu’elle entraîne et la lâcheté de la société entière face à ces crimes. Ce monde ne sera guéri que lorsque les victimes seront Rois. P.204
Publik’Art a eu l’honneur de dialoguer avec Grégoire Delacourt qui explique que dans son livre, le père de Benjamin est en quelque sorte, le porte-parole de milliers de parents dont les enfants ont été violés par des personnes en qui ils avaient toute confiance. Son livre, Mon Père, est un cri de colère, un cri d’injustice, un cri d’indignation, un cri de révolte hurlé à la face du Monde. « Ce livre est une parole que je donne aux enfants violés » dit-il.

La vérité de l’auteur

L’auteur, Grégoire Delacourt, est implacable et nous confie :  » La vérité, c’est que toute violence faite aux enfants est inacceptable. Elle est la négation de notre humanité. Le triomphe de notre part animale. Il faut qu’elle s’arrête. Il faut que la justice se penche sur la punition des coupables, bien sûr, mais surtout sur la réparation des enfants. Car la prison de leur corps massacré est pour la vie. « 

Un Père, un livre très difficile à lire, très difficile à supporter, mais un livre qu’il faut lire pour comprendre, savoir et protéger nos enfants, et pour l’honneur de tous les enfants violés. Notre coup de cœur pour le courage qu’a eu l’auteur de l’écrire et de dénoncer cette terrible lâcheté !

Extrait :

Je veille mon ennemi comme je ne l’ai jamais été par ceux qui m’aimaient et je me dis que si Préaumont meurt cette nuit, alors il n’y aura pas de réparation pour Benjamin. Je deviendrai un assassin, la Justice aux yeux bandés réclamera son talion, son contrapasso qui exige que le châtiment soit à la hauteur du délit. Elle l’estimera à une peine de trente ans de réclusion criminelle, assortie d’une période de sûreté de dix-huit à vingt-deux ans et laissera les pervers continuer à englander des enfants contre la modique somme de trois ans de prison dont un avec sursis. P.179

RESUME DE L’EDITEUR :
Ce monde ne sera guéri que lorsque les victimes seront nos Rois.

Je me suis toujours demandé ce que je ferais si quelqu’un attentait à l’un de mes enfants. Quel père alors je serais. Quelle force, quelle faiblesse. Et tandis que je cherchais la réponse, une autre question a surgi : sommes-nous capables de protéger nos fils ?
G.D.

Date de parution : le 20 février 2019
Auteur : Grégoire Delacourt
Editeur : JC Lattès
Prix : 18 € (256 pages)
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NOS NOTES ...
Originalité
Scénario
Qualité de l'écriture
Plaisir de lecture
Bénédicte de Loriol
En fonction depuis 2010, Bénédicte est notre directrice déléguée. Elle partage son expertise en de nombreux domaines. Elle dévore les livres comme d'autres dévorent le chocolat. Responsable des rubriques Littérature et Cinéma, elle gère aussi les opérations concours réalisées avec nos partenaires. Elle est notamment membre de l'Union des Journalistes de Cinéma (UJC).
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1 COMMENTAIRE

  1. Je n ai pu continuer à le lire, ce qui n enervait, c était toujours ces retours en arrière, et des curés, pas si sympathiques et dérangeants. J explose, je suis malheureuse pour tous ces enfants, garçons et filles. LES PAUVRES !!! C EST DÉGUEULASSE !!! A VOMIR 🤮🤮🤮🤮

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