Où sont passés les grands jours, tome 2 : une BD de Jim et Alexandre Tefenkgi (Grand Angle)
Une bande de quatre amis de toujours est soudainement brisée par le suicide de l’un d’entre eux. Ce dernier a légué à chacun des objets pour le moins énigmatiques, allant d’un lance-pierre à des places d’opéra en passant par un accordéon ou un livre de Sartre… Et chacun d’entre eux va, malgré les difficultés, y trouver une signification….
Date de parution : le 2 septembre 2015
Auteurs : Jim (scénario) et Alexandre Tefenkgi (dessin)
Editeur : Grand Angle
Prix : 16,90 € (88 pages)
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On savait tous qu’un jour il faudrait devenir des adultes. Personne ne nous avait dit que ça viendrait si vite. Que faire quand toutes nos certitudes s’écroulent et que la vie vole en éclats ? Après le suicide d’un ami, une histoire d’amour gâchée par les mensonges et des amitiés qui s’étiolent, peut-il encore y avoir une éclaircie ? Peut-on encore rassembler les pièces du puzzle de sa jeunesse et réapprendre à vivre ? La réponse est peut-être là, cachée dans ces objets insolites laissés en guise de testament…
Le point de départ de ce diptyque est bien sombre et annonce la couleur : on quitte le registre romantique du scénariste Jim (Une nuit à Rome, Une petite tentation, Héléna, Un petit livre oublié sur un banc) pour une histoire dramatique, où des trentenaires perdent les pédales. Au coeur du récit, la vie de d’Hugo part en déconfiture depuis que sa femme a découvert qu’il menait une double vie. Au fond du seau, le jeune papa se retrouve tout seul, avec sa mère de 68 ans, fan de Walking Dead, comme seule compagnie.
[U]n drame émotionnel merveilleusement triste
Apprenant la nouvelle de sa relation extraconjugale, ses amis Etienne et Jean-Marc, qui vivent eux aussi très mal le suicide de Fred, lui tournent le dos. Jim écrit un récit touchant dont le réalisme est sans concession. Comme dans la vraie vie, rien ne va vraiment s’arranger. Les personnages qu’il met en scène vont devoir vivre avec leurs cicatrices pour continuer à vivre. Une rencontre introspective avec des âmes blessées qui cherchent à se relever.
Avec intelligence et beaucoup de sensibilité, l’écriture d’Où sont passés les grands jours ? est d’une qualité qui n’appartient qu’à son auteur. On n’est, pour ainsi dire, jamais déçu d’un scénario de Jim.
Alex Tefenkgi (Tranquille courage, Âmes nomades) y met aussi les formes en adoptant avec brio l’identité visuelle forte des séries de Jim. On y retrouve un trait fin à la ligne claire, moderne et élégante, valorisé par une coloration subtile où l’utilisation de filtres sert une narration à temporalité multiple, dans une même case. Un processus d’illustration ingénieux.
En résumé, Où sont passés les grands jours ? est un drame émotionnel merveilleusement triste. A lire.