Park est le premier film de Sofia Exarchou et c’est une belle révélation avec cette bande d’adolescents errant dans les installations désaffectées des Jeux Olympiques d’Athènes de 2004. Bassin olympique, vestiaires et parking servent de terrain de jeux à une jeunesse désabusée avec un luxe de réalisme prenant pour contexte une interminable crise économique et sociale toujours vivace en Grèce.
Une jeunesse pleine de vigueur
Les Jeux Olympiques d’Athènes 2004 ont été la fête du sport, une communion médiatique replaçant la Grèce sur la carte du monde et rappelant l’origine de cet évènement planétaire. A posteriori, c’est pourtant le point de départ d’un cycle ininterrompu de crises pour un pays exsangue après les dépenses somptuaires consenties. Incapable de faire fructifier les installations, l’état grec les a laissés à l’abandon, laissant des chiens errant en prendre possession, et des adolescents. La désolation est reine dans cet environnement un temps flamboyant mais jamais entretenu. Les grecs pensaient retrouver les sommets, ils ne cessent de s’enfoncer depuis. Sofia Exarchou place son intrigue au cœur du village olympique pour un premier long métrage lourd de sens. Park est en lice dans la section New Directors du Festival de San Sebastian et également au programme du Festival de Toronto avec son ambiance pesante faite de bric et de broc pour des jeunes qui languissent au soleil et se chamaillent continuellement. L’adolescence est aussi le temps de la découverte de soi et des premiers émois pour certaines personnes émoustillées par l’attraction des corps. Ces jeunes figurent une Grèce sans lendemain mais qui profite éhontément du présent dans un réalisme sans ambages. L’oisiveté est reine et les perspectives de vie réduites à pas grand chose pour des glandeurs qui peinent à trouver leur place aux côtés de leurs ainés pas mieux vernis, responsables de la situation déplorable de l’économie. La délinquance n’est pas loin pour une post adolescence sans substance, sans mariage et sans descendance. La brutalité règne entre des petites frappes peu désireuses de sortir de leur bidonville pour se mêler au monde si proche. L’amour devient pour un temps une échappatoire mais ils ne savent pas comment faire, ces jeunes déscolarisés et laissés pour compte, et le rayon d’espérance s’évanouit dans le vide de la réalité. Pas vraiment d’intrigue de fond dans ce film, la langueur du quotidien sans perspectives tient toute la place avec des personnages sans vraiment d’ampleur, mais pourquoi en auraient-ils.
La frénésie et l’énergie de la jeunesse est l’objet principal du film, perdue peut-être, mais pas sans volonté. Il n’y a guère que les touristes des stations balnéaires pour se mêler à eux, leur donnant l’impression d’être étrangers dans leur propre pays. Un premier film plein de promesses, en salles le 8 juillet prochain.
Synopsis: Rassemblés dans les ruines du village olympique d’Athènes, des adolescents occupent leurs journées avec des jeux tapageurs, dans un chahut permanent. Parmi eux, Anna et Dimitri qui vont bientôt former un couple. Ils explorent les attractions d’une station balnéaire avec une excitation juvénile et une joyeuse curiosité. Mais, du bonheur estival à l’angoisse de l’automne, le temps passe et leur relation avec…