Petit pays, Gaël Faye récompensé par le Goncourt des Lycéens (Grasset)
Gaël Faye raconte une histoire d’un enfant, Gabriel. Un enfant qui vit dans un pays, un Petit pays, que l’on connaît mal, le Burundi. Et grâce à son histoire, on vibre en même temps que Gabriel, dit Gaby, qui essaie de comprendre ce qui se passe dans son petit pays.
Qui est l’auteur ?
Gaël Faye n’a que 34 ans. Tout le monde le connait en tant que rappeur. Mais écrivain, pas vraiment. Mais il est aussi financier, me direz-vous. Alors qui est-il cet homme pas comme les autres ? Un homme qui a eu une enfance douloureuse, très douloureuse. Et aussi un passionné de littérature. Et de musique bien sûr !
Quelle est son histoire ?
Dans son roman Petit pays, on imagine très bien que sous les traits de Gaby, l’auteur nous dévoile une grande part de son enfance. Son vécu au Burundi, ses angoisses, ses questions, ses séparations et surtout ses souffrances… Le Burundi, le Rwanda, le génocide. Le père de Gaby est français, sa mère rwandaise. Gaby est un enfant d’une dizaine d’années, franco-rwandais qui vit au Burundi avec son père. Au fil des années, il va assister, impuissant et ne comprenant pas tout, aux tensions politiques, à la guerre, qui va toucher sa famille et ses amis. Il ne sait plus qui est qui. L’auteur met l’accent sur le côté absurde de cette situation. Ils étaient tous amis, toux ceux qui habitaient dans son impasse. Et puis, sans comprendre pourquoi, des amis sont devenus ennemis. Gaby ne comprend rien. Il ne veut pas cette terrible violence qui l’entoure peu à peu.
La révélation de son identité
Plus on avance dans le livre, plus on se sent piégé, comme Gaby, par l’Histoire. Là où Gaël Faye est très fort c’est qu’il fait parler un enfant sur une Histoire très lourde. Or, un enfant, c’est l’innocence même. Un enfant, même si on ne lui explique rien, ce qui est le cas de Gaby, il comprend tout, avec ses sensations à lui. Il découvre la notion même d’identité. Mais dans le fond qui est-il ?
Aujourd’hui, Gaël Faye vient de recevoir le Prix Goncourt des Lycéens pour son premier roman qui avait déjà reçu le Prix du roman Fnac. Deux belles récompenses pour un livre poignant, hors du commun, qui fait froid dans le dos. Gaël Faye, musicien, chanteur, écrivain, et maintenant auteur reconnu à travers le Monde ! Un grand homme assurément !
En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d’expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups. Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce « petit pays » d’Afrique brutalement malmené par l’Histoire. Gabriel voit avec inquiétude ses parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais. Le quartier est bouleversé. Par vagues successives, la violence l’envahit, l’imprègne, et tout bascule. Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français…
« J’ai écrit ce roman pour faire surgir un monde oublié, pour dire nos instants joyeux, discrets comme des filles de bonnes familles: le parfum de citronnelle dans les rues, les promenades le soir le long des bougainvilliers, les siestes l’après-midi derrière les moustiquaires trouées, les conversations futiles, assis sur un casier de bières, les termites les jours d’orages… J’ai écrit ce roman pour crier à l’univers que nous avons existé, avec nos vies simples, notre train-train, notre ennui, que nous avions des bonheurs qui ne cherchaient qu’à le rester avant d’être expédiés aux quatre coins du monde et de devenir une bande d’exilés, de réfugiés, d’immigrés, de migrants. »
Avec un rare sens du romanesque, Gaël Faye évoque les tourments et les interrogations d’un enfant pris dans une Histoire qui le fait grandir plus vite que prévu. Nourri d’un drame que l’auteur connaît bien, un premier roman d’une ampleur exceptionnelle, parcouru d’ombres et de lumière, de tragique et d’humour, de personnages qui tentent de survivre à la tragédie.