Plongée dans une période en noir et blanc avec Cold War
Pawel Pawlikowski revient avec son actrice fétiche Joanna Kulig dans une histoire d’amour tortueuse dans une époque marquée par la guerre froide. Entre le début des années 50 et la mi-années 60, Zula et Wiktor se rencontrent, se séduisent, se séparent et se retrouvent entre la Pologne, Paris et la Yougoslavie. Le Noir et Blanc est somptueux, la musique est ensorcelante, l’actrice est magnétique et la mise en scène au cordeau. Mais le film s’enfonce inexorablement dans une impasse narrative avec des personnages qui souffrent sans raisons apparentes. La relation romantique se perd en impasses abyssales et envolées fulgurantes avec une ampleur finale somme toute limitée. Cold War est un excellent moment de cinéma, à la limite de l’exercice de style, mais il n’en reste pas grand chose une fois la séance terminée.
Une histoire sans fin
Lorsque la jeune Zula rencontre l’artiste Wiktor, il s’évertue à former une troupe de danseurs et chanteurs folkloriques pour exalter la Pologne éternelle paysanne. Elle est blonde comme les blés, il est poivre et sel, ils se séduisent d’un seul regard. Le reste du film ne va être qu’un jeu du chat et de la souris entre deux êtres que tout rapproche avant de tout séparer. Entre 1951 et 1964, l’histoire comptée par le réalisateur du mondialement primé Ida revient avec son actrice fétiche pour imposer son talent et son magnétisme. Joanna Kulig envoute par son jeu entre retrait et exposition incessante. A ses côtés, Tomasz Kot fait un homme torturé par un mal-être incessant, partout de passage, jamais vraiment installé. Il ne sait pas comment vivre sa relation avec la blonde volcanique, alors il dirige des orchestres, il joue du piano dans un club de jazz et tente de surmonter ses difficultés psychologiques. La bande son est un des nombreux avantages d’un film classieux au noir & blanc splendide mais à l’ampleur somme toute limitée. Le film impressionne par sa très grande maitrise formelle, mais l’histoire, sans jamais lasser, ne parvient pas à marquer les esprits par ses nombreux raccourcis scénaristiques. Le réalisateur voulait apparemment laisser toute la place à son actrice, le résultat est remarquable mais non point marquant. La salle était visiblement ravie mais qu’en restera-t-il?
Cold War n’est pas la grande fresque amoureuse sur fond de guerre froide que tous espéraient. C’est une histoire d’amour un peu facilement tourmentée, sans problème d’argent ni vrais drames humains. Le réalisateur a apparemment voulu retranscrire l’histoire de ses deux parents, le film regorge de qualités formelles, mais ne va pas beaucoup plus loin. Reste le sentiment d’avoir vu un beau film, merveilleusement réalisé mais un peu fade au niveau des enjeux. Mais Joanna, vraiment, quelle actrice!
Pendant la guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible.
Sortie : le 24 octobre 2018
Durée : 1h27
Réalisateur : Pawel Pawlikowski
Avec : Joanna Kulig, Tomasz Kot, Agata Kulesza
Genre : Drame, Romance