Remise des prix 2017 de la critique en danse, musique et théâtre
Comme tous les ans, les 140 journalistes critiques, membres de l’Association professionnelle de la critique théâtre-musique-danse (dont nous sommes), décernent après un vote collectif à deux tours leurs prix, distinguant les spectacles et les artistes qui ont marqué la saison écoulée.
Une saison enlevée
Les lauréats 2016/2017, sous l’égide donc de l’Association, a été révélé ce lundi 19 juin Théâtre National de la danse-Chaillot.
Rendez-vous incontournable de la profession, ils attestent d’une marque d’exigence mais aussi de vitalité qui, dans le paysage du spectacle vivant, est particulièrement appréciée des artistes distingués.
« 2666 », l’adaptation fleuve en onze heures du livre labyrinthe du Chilien Roberto Bolaño, créée au dernier Festival d’Avignon par le metteur en scène Julien Gosselin, a remporté le Grand Prix. En 2014, Julien Gosselin, 30 ans, s’était déjà vu décerné par les critiques le Prix Jean-Jacques Lerrant (révélation théâtrale de l’année) pour son adaptation très réussie des « Particules élémentaires » de Michel Houellebecq qui reviendra à l’affiche de l’Odéon en ouverture de sa prochaine saison du 12 septembre au 1 octobre.
L’excellente comédienne du Français Elsa Lepoivre, déjà récompensée d’un Molière pour son incarnation de la baronne-Lady Macbeth dans « Les Damnés » emporte le prix de la meilleure comédienne pour ce rôle mais mais aussi pour « Lucrèce Borgia » « La Règle du jeu » et “Le Cerf et le Chien”.
Le prix du meilleur spectacle créé en province revient à « Les Bas Fonds » de Gorki mis en scène par Eric Lacascade (Théâtre national de Bretagne), et celui du meilleur spectacle étranger à « Place des Héros » de Thomas Bernhard, dans la mise en scène magistrale de Krystian Lupa (Avignon/Théâtre de la Colline).
Gérard Watkins a été désigné meilleur comédien pour « Songes et Métamorphoses » de Guillaume Vincent (Odéon).
Le prix Laurent Terzieff du meilleur spectacle privé couronne « Histoire du soldat » mis en scène par Stéphan Druet (Théâtre de Poche Montparnasse).
En musique, le Grand Prix va à « Pelléas et Mélisande » de Debussy mis en scène par Eric Ruf et dirigé par Louis Langrée.
La critique de danse a pour sa part décerné son grand prix à « OCD Love » de Sharon Eyal et Gay Behar et distingué le Malandain Ballet Biarritz comme la compagnie de l’année.
Place à présent au récapitulatif complet du palmarès et que le spectacle continue envers et contre tout.
● En Théâtre,
Grand Prix (meilleur spectacle théâtral de l’année): 2666, de Roberto Bolaño, mis en scène par Julien Gosselin (Festival d’Avignon – Odéon, Théâtre National de Bretagne – Ateliers Berthier)
Prix Georges-Lerminier (meilleur spectacle théâtral créé en province) : Les Bas fonds, de Maxime Gorki, mis en scène par Éric Lacascade (Théâtre National de Bretagne – Les Gémaux)
Meilleure création d’une pièce en langue française : Doreen d’après Lettres à D., d’André Gorz, mis en scène par David Geselson (Théâtre de la Bastille)
Meilleur spectacle étranger: Place des héros, de Thomas Bernhard, mis en scène par Krystian Lupa (Théâtre national de la Colline)
Prix Laurent Terzieff (meilleur spectacle présenté dans un théâtre privé): Histoire du soldat, de Ramuz et Stravinsky, mis en scène par Stéphan Druet (Théâtre de Poche Montparnasse)
Meilleure comédienne: Elsa Lepoivre dans Les Damnés (mis en scène par Ivo van Hove), Lucrèce Borgia (Denis Podalydès), La Règle du jeu (Christiane Jatahy) et Le Cerf et le Chien (Véronique Valla) à la Comédie-Française
Meilleur comédien: Gérard Watkins dans Songes et Métamorphoses, création de Guillaume Vincent, d’après Ovide et Shakespeare (Odéon Théâtre de l’Europe – Ateliers Berthier)
Prix Jean-Jacques Lerrant (révélation théâtrale de l’année) : Gaël Kamilindi dans Le Dernier testament (mis en scène par Mélanie Laurent) et Lucrèce Borgia (Denis Podalydès)
Meilleure création d’éléments scéniques: Hubert Colas pour 2666, mis en scène par Julien Gosselin
Meilleur compositeur de musique de scène : Mathieu Bauer et Sylvain Cartigny pour Shock Corridor, d’après le film de Samuel Fuller, adapté et mis en scène par Mathieu Bauer (Nouveau Théâtre de Montreuil)
Meilleur livre sur le théâtre : Utopia, Lettres aux acteurs, de Krystian Lupa (Actes Sud)
● En Musique
Grand Prix (meilleur spectacle lyrique de l’année) : Pelléas et Mélisande, opéra de Claude Debussy, direction musicale de Louis Langrée, mise en scène d’Éric Ruf, costumes de Christian Lacroix (Théâtre des Champs-Élysées)
Prix Claude Rostand (meilleur spectacle lyrique créé en province): L’Ange de feu, opéra de Serge Prokofiev, direction musicale de Kazuschi Ono, mise en scène de Benedict Andrews (Opéra National de Lyon)
Meilleure création musicale: Um, de Zad Moultaka, dans le cadre du festival d’Ile-de-France 2016 , aujourd’hui disparu
Meilleure création d’éléments scéniques : Jean-Philippe Desrousseaux, adaptation, scénographie et costumes de Pierrot Lunaire, d’après Arnold Schönberg (Théâtre de l’Athénée)
Personnalité musicale de l’année: Patrice Martinet, directeur du Théâtre de l’Athénée, pour la richesse et la diversité de sa programmation musicale
Révélation musicale de l’année : Justin Taylor, claveciniste, premier prix du concours international de clavecin de Bruges
Meilleurs livres sur la musique : Le Guide de l’opéra russe d’André Lischke (Éditions Fayard) dans la catégorie Essai; et Giacomo Puccini Mode d’emploi de Chantal Cazaux (Éditions Premières-Loges) dans la catégorie Monographie
Meilleure diffusion musicale audiovisuelle : Einstein on the Beach, opéra de Philip Glass, mise en scène Robert Wilson et chorégraphie Lucinda Childs (Théâtre du Châtelet)
Prix de l’Europe francophone : Le Coq d’or, opéra de Nikolaï Rimsky-Korsakov, mise en scène et costumes Laurent Pelly (Théâtre de la Monnaie de Bruxelles)
● En Danse,
Grand Prix: Ocd Love, chorégraphie Sharon Eyal et Gay Behar (Chaillot – Montpellier Danse)
Meilleure compagnie: CCN Malandain Ballet Biarritz, directeur Thierry Malandain
Meilleurs interprètes : José Paulo dos Santos, Bilal el Had, Jason Respilieux et Thomas Vantuycom , dans A Love suprême, chorégraphie Anne Teresa de Keersmaeker et Salva Sanchis
Personnalité chorégraphique de l’année (ex aequo): Kader Belarbi (directeur du ballet du Capitole de Toulouse) et Crystal Pite (chorégraphe)
Meilleur livre sur la danse : Les Cygnes du Kremlin: Ballet et pouvoir en Russie soviétique, de Christina Ezrahi (Éditions Gremese)