Rien, plus rien au monde, comme un cri dans la nuit
Une mère de famille de milieu modeste raconte ses rêves déçus et la difficulté à joindre les deux bouts. Au fur et à mesure de son monologue, son quotidien est révélé avec force détails crus et grossiers. La comédienne Amandine Rousseau donne tout ce qu’elle a pour un moment d’émotion ancré entre misérabilisme et critique sociale.
Du théâtre de combat
La comédienne parait émotionnellement éprouvée après plus d’une heure de diatribes à l’emporte pièce. Confessions et révélations alternent dans une salle où pas une mouche ne semblait plus voler. Coeur mis à nu, tonalités tantôt fantaisistes tantôt fatalistes, la personnage raisonne d’une authenticité douloureuse. Comme s’il était possible que le quotidien soit transformé en long enchainement de déceptions et frustrations avec pour seul réconfort une bouteille de Pinot des Charentes. L’alcoolisme est une bouée de sauvetage illusoire pour une femme pleine de bonne volonté mais échouée sur le barrage d’une société qui a fait partir des usines seules sources de revenus et augmenter ses prix.
Entre premier degré tragique et critique sociétale
Besame Mucho et Michelle Torr semblent des expédients bien inutiles quand plus rien ne subsiste pour motiver une attitude positive. L’héroïne s’épanche dans un seul en scène douloureux car reflet d’une réalité sociale que l’on imagine plus répandu qu’on ne le souhaiterait. A la base d’un vote extrême comme une dernière contestation et de drames domestiques effroyables. le désespoir fait vibrer la pièce d’une tonalité sociale pénible. Dans un intérieur juché d’objets superflus, de chaises et d’une table, pas de signe matériel de joie. Le décor souligne le dénuement. Et puis il y a ces tâches rouges sur la robe et le décolleté…
Une pièce rêche qui marque par son dépouillement et son message fataliste. Rien n’arrive par hasard et le capitalisme victorieux laisse derrière lui un champ de ruines, avec des survivants à bout de souffle. Pas la joie.
Dates : dimanches à 15h et lundis à 20h
Lieu : Théâtre de la Contrescarpe (Paris)
Metteur en scène : Fabian Ferrari
Avec : Amandine Rousseau