Satantango, le concept cinématographique de 439 minutes par Bela Tarr en Blu-Ray et DVD le 16 septembre (Carlotta Films)

C’était en 1994 déjà, Bela Tarr présentait son Satantango à la Berlinale pour un vrai défi à la résistance et à l’endurance. Le hongrois n’y allait pas de main morte, sa fresque monumentale de 439 minutes accumulait les longs plans séquences dans un noir et blanc désincarné crasseux et plein d’aigreur, pour figurer la chute récente et irréversible de l’empire soviétique. L’aridité côtoie le dénuement pour une réflexion visuelle et philosophique sur la vanité de l’existence humaine. Ressorti en salle le 12 février dernier, le film sort en Blu-Ray et DVD ce 16 septembre pour une expérience de cinéma unique à la faveur d’une restauration numérique supervisée par son auteur lui-même.

« Satantango » est adapté du roman éponyme de Laszlo Krasznahorkai (traduit en français « Le Tango de Satan »). CARLOTTA FILMS

Une expérience unique et éprouvante

439 minutes en 3 DVD, ça se mérite. Ca demande surtout une attention constante pour ne pas se laisser engouffrer et continuer à percevoir les intentions du réalisateur des Harmonies Werckmeister et du Cheval de Turin. Les 7h30 son remplis de plans comme autant de pensées formant un bloc infranchissable. Le Tango de Satan est une étape clé dans l’œuvre d’un réalisateur qui ne construit plus un scénario mais laisse la caméra tourner pour une expérience avant tout sensorielle. L’eau et l’air y ont comme une odeur et les regards fuyants ou appuyés des personnages sont lourds de signification. Peu d’échanges ou de mots, le silence prend toute la place et ce sont les paroles qui s’intercalent. Beaucoup se rappelleront du cinéma d’Andrei Tarkovsky devant les images décharnées de ces plans séquences sans fin faisant rentrer au fond des choses, par delà les apparences mais jusqu’à la substance elle-même. Le récit raconte non pas la fin du monde, mais la fin d’un monde aux repères autrefois coercitifs qui laissent les survivants se débrouiller avec leur liberté retrouvée sans savoir quoi en faire. Ils semblent avoir oublier les rires et les joies, il leur faut réapprendre à vivre sans la chape de plomb d’un régime annihilateur de vie. La ferme collectiviste autrefois florissante est devenue une épave enfoncée dans la boue environnante omniprésente. Le groupe de villageois est formé de personnalités aigries qui imaginent une arnaque pour filer avec la caisse, magot qu’ils voudraient subtiliser pour s’échapper vers un ailleurs hypothétique, meilleur forcément. En attendant, ils attendent, non pas Godot mais Irimias qui figure un être entre mythe et réalité qui pourrait bien les délivrer de leur environnement toxique auquel ils sont irrémédiablement attachés malgré eux.

Satantango est une expérience visuelle viscérale, avec son propre rythme et ses règles immuables. A l’heure du binge watching frénétique d’épisodes de série en enfilade, il est bon de revenir à l’essence des choses pour un film qui ne ressemble à nul autre. A découvrir le 16 septembre en Blu-Ray et DVD.

Synopsis: Dans un village perdu au coeur de la plaine hongroise, les habitants luttent quotidiennement contre le vent et l’incessante pluie d’automne. Dans la ferme collective démantelée et livrée à l’abandon, les complots vont bon train lorsqu’une rumeur annonce le retour de deux hommes passés pour morts. Bouleversés par cette nouvelle, certains habitants y voient l’arrivée d’un messie, d’autres celle de Satan.

NOS NOTES ...
Originalité
Réalisation
Jeu des acteurs
Plaisir de la séance
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
satantango-le-concept-cinematographique-de-439-minutes-par-bela-tarr-en-blu-ray-et-dvd-le-16-septembre-carlotta-films C'était en 1994 déjà, Bela Tarr présentait son Satantango à la Berlinale pour un vrai défi à la résistance et à l'endurance. Le hongrois n'y allait pas de main morte, sa fresque monumentale de 439 minutes accumulait les longs plans séquences dans un noir...

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