Made in Bangladesh est un véritable petit bijou. Le film vient tout droit d’un petit pays où les aspirations sociales et féministes prennent de plus en plus d’ampleur. La réalisatrice bengali Rubaiyat Hossain propose un second film très réussi après Les Lauriers roses sorti en 2017, dans la droite lignée des films occidentaux revenant sur les prémisses de la libération de la femme dans une société encore trop patriarcale au tournant des XIXe et XXe siècle.
La femme est l’avenir de l’homme
Déjà dans le film Les Suffragettes avec Meryl Streep, l’histoire de la lutte des femmes pour obtenir des droits (ici de vote) remontait le fil de l’histoire. Les combats continuent chez nous et les mêmes aspirations apparaissent dans des petits pays où l’accession au confort n’est pas encore acquise pour tous et toutes. C’est ici une travailleuse lambda dans l’industrie du textile, Shimu, qui doit faire face à un mari désœuvré et à des employeurs traitant leurs employés sans vergogne ni considération. L’actrice Rikita Shimu interprète ce personnage à contre-courant de la société et des mœurs, faisant tout pour créer un syndicat et pour bouger son mari indolent. Quand elle débute ses formalités administratives auprès du ministère, les bâtons dans les roues s’enchainent jusqu’à la faire douter sans toutefois qu’elle courbe l’échine. Le film est une belle démonstration de résilience face aux tentatives d’intimidation pour faire mentir l’adage « Fichues si nous sommes mariées, fichues si nous ne le sommes pas ». Ce sera par une énième preuve de caractère qu’elle parviendra à inscrire son syndicat, envers et contre tous. Made in Bangladesh brosse une peinture sociale sans ambages, avec le poids de la religion, la place centrale des hommes et la volonté de faire taire coute que coute celles qui résistent. Mais Shimu ne s’en laisse pas compter, le spectateur voit que tout est possible avec persévérance et astuce.
Made in Bangladesh vaut plus qu’un coup d’œil, car le film fait réfléchir sur les carcans ancestraux et la volonté de certains de les maintenir à tous prix. Pas un film avec des acteurs connus ni de gros moyens, mais une belle réussite pour donner à beaucoup le gout de la liberté.
Résumé: Shimu, 23 ans, travaille dans une usine textile à Dacca, au Bangladesh. Face à des conditions de travail de plus en plus dures, elle décide avec ses collègues de monter un syndicat, malgré les menaces de la direction et le désaccord de son mari. Ensemble, elles iront jusqu’au bout.