Sortie du L’homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam sur grand écran, enfin!
Les fans de l’ex-Monty Python Terry Gilliam le savent bien, le réalisateur traine le boulet Don Quichotte derrière lui depuis maintenant 2 décennies. Après moult faux départs, problèmes de financement, soucis de santé pour les acteurs et spéculations diverses sur l’avenir du projet, sa détermination a eu raison du signe indien pour un résultat aussi fantasmagorique que brinquebalant. Le film part dans tous les sens sans vraie logique mais avec une foultitude de métaphores. 2h12, c’est un peu long pour un délire visuel sans queue ni tête mais pas sans panache.
Une mise en abime de la mise en abime
Le vrai héros du film n’est guère Don Quichotte mais un jeune réalisateur chargé de réaliser l’adaptation de Cervantès après en avoir fait le sujet de son projet de fin d’études. Toby est interprété par un Adam Driver qui démontre une fois de plus l’étendue de ses talents. En réalisateur d’abord cynique puis emporté dans le tourbillon d’une folie contagieuse, il rencontre une incarnation moderne du mythe pour un lâcher prise complet. Quand en plus les sentiments amoureux, les luttes de pouvoir et l’ego rentrent dans la partie, il est permis de ne plus rien y comprendre. Le spectateur s’interroge si le film n’est pas un cauchemar ou une incursion dans une dimension parallèle tant il est impossible de s’y retrouver. Terry Gilliam mélange constamment les niveaux de lecture jusqu’à lâcher les chevaux et faire de son Don Quichotte une métaphore de la lutte contre la société capitaliste moderne. Et pourquoi pas. Jonathan Pryce, Olga Kurylenko et Stellan Skarsgård semblent ne pas plus en comprendre. Voulant se venger du mauvais sort qui s’est si longtemps acharné contre lui, Terry Gilliam veut faire rentrer toute sa folie créatrice dans un long métrage qui perd toute logique. Restent des décors abracadabrantesques, un scénario en roue libre et des acteurs à leur niveau habituel pour un film qu’il serait bien difficile d’expliquer. Mais est-ce bien nécessaire quand on voit un Terry Gilliam acclamé par Edouard Baer à la soirée de clôture du Festival de Cannes, heureux d’être encore en vie et d’avoir fini son film? Don Quichotte, après tout, c’est un mythe imaginaire, une réflexion sur la vieillesse et la folie, un foure-tout où n’importe qui peut trouver à boire et à manger. Et en ça, le film est parfaitement fidèle à l’esprit du livre.
L’homme qui tua Don Quichotte est un trip visuel flamboyant où le réalisateur s’est visiblement fait plaisir. Les aficionados seront ravis de découvrir le film enfin finalisé, même sans tout comprendre, même en s’endormant quelques fois face aux dialogues longs et abscons. Mais qu’importe, le film est fini, enfin!
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Toby, un jeune réalisateur de pub cynique et désabusé, se retrouve pris au piège des folles illusions d’un vieux cordonnier espagnol convaincu d’être Don Quichotte. Embarqué dans une folle aventure de plus en plus surréaliste, Toby se retrouve confronté aux conséquences tragiques d’un film qu’il a réalisé au temps de sa jeunesse idéaliste: ce film d’étudiant adapté de Cervantès a changé pour toujours les rêves et les espoirs de tout un petit village espagnol. Toby saura-t-il se racheter et retrouver un peu d’humanité? Don Quichotte survivra-t-il à sa folie? Ou l’amour triomphera-t-il de tout?
Sortie : le 19 mai 2018
Durée : 2h12
Réalisateur : Terry Gilliam
Avec : Jonathan Pryce, Adam Driver, Olga Kurylenko
Genre : Aventure, Fantastique, Drame