Stripped, le troisième volet tant attendu de la Love Trilogy de Yaron Shani se dévoile en salles le 9 septembre 2020

Le réalisateur Yaron Shani a eu l’ambition de proposer non pas un film, mais trois pour une trilogie de l’amour digne du talent entrevu dans son magnifique Ajami sorti en 2009, déjà, le temps passe. Si Chained et Beloved sont déjà visibles en salles depuis juillet, le troisième volet Stripped sort le 9 septembre pour boucler la boucle. Et les personnages déjà entrevus continuent de s’y croiser dans un drame moderne stylisé qui ne peut pas laisser indifférent par son naturalisme dramatique.

Des corps et des esprits brouillés

La première chose qui vient à l’esprit du spectateur à la fin du film, c’est ce parti pris de brouiller numériquement les parties intimes des corps et des visages apparaissant à l’écran pour un mélange de pudeur et de mystère. Car Stripped comme les deux autres volets n’y va pas par le dos de la cuillère. Le jeune Ziv est ici à la croisée des chemins, il souhaite plus que tout devenir un musicien de talent mais il ne peut échapper au service militaire obligatoire en Israël. Son histoire s’entrecroise avec celle de sa voisine Alice, écrivain de talent qui traverse une période mouvementée de son existence. Comme pour Chained et Beloved, la guerre des sexes continue d’avoir cours, hérissant le spectateur avec des scènes entre scandale et dramaturgie. Stripped est sans doute le volet le plus sombre, quoiqu’aucun ne soit vraiment joyeux, les émotions y sont à fleur de peau, entre nausée et blessures intérieures, et personne n’en sort indemne. Le taiseux et discret Ziv cache un Dark Side qui se révèle peu à peu tout au long du film, entre passion pour la pornographie internet et fantasmes inassouvis avec un final qui suscite un énorme et inconfortable malaise. Surtout que le personnage d’Alice est censée écrire sur des sujets très érotiques et très explicites qui la rapprochent symboliquement de son prédateur caché. Entre perversité, immaturité et menace tapie dans l’ombre, le film louvoie sur des sentiers inconfortables qui interpellent le spectateur. La tension grandit lentement, le jeune homme observe d’abord son ainée, qui est aussi sa voisine, avant de la retrouver à l’occasion d’un projet qu’elle mène et auquel il participe volontiers, les sentiments mélangent sexe, amour et chaos dans une déclinaison qui révèle la désorientation du jeune homme qui n’ose pas embrasser une fille et pense étrangement que la ruse maligne est une perspective plus acceptable pour arriver à ses fins. Le réalisateur a poussé l’expérience jusqu’à demander à ses acteurs de vivre la vie de leurs personnages et de vivre leur vie durant toute la durée du tournage, preuve de l’exigence du réalisateur. Le ton se veut ultraréaliste, entre discussions adolescentes puériles sur le sexe, première expérience d’une femme par l’entremise d’une prostituée et séances d’onanisme sur guitare. Tout est montré mais le brouillage empêche une gêne véritable. Yaron Shani ne cache rien mais fait plus que suggérer.

La Love Trilogy est une vraie expérience de cinéma qui se conclut avec un Stripped qui suit sa propre trame en intégrant des éléments des autres volets. Les personnages se croisent, comme une stripteaseuse déjà entrevue dans Beloved et que le spectateur reconnait malgré son visage brouillé. Le concept est poussé jusqu’au bout, le sexe et les sentiments ne sont décidemment pas une sinécure.

Synopsis: Alice et Ziv sont voisins dans un quartier de Tel-Aviv. Alice vient de publier un premier roman particulièrement remarqué. Ziv est un adolescent passionné de musique, mal à l’aise avec l’expression de ses sentiments. Alice pense que Ziv pourrait être le cœur d’un projet documentaire mais leur rencontre va prendre un tournant inattendu.

NOS NOTES ...
Originalité
Réalisation
Jeu des acteurs
Plaisir de la séance
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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