Le premier long métrage de Marie Garel-Weiss, La Fête est finie et son film pour Arte, Qu’est-ce qu’on va faire de Jacques ? mettaient déjà en scène des personnages différents, de par des pathologies psychiatriques ou des comportements en dehors des clous. La réalisatrice réitère avec Sur la branche en présentant une héroïne visiblement à l’inverse des comportements usuels. La comédie prête à rire avec des situations véritablement décalées qui font tout autant réfléchir que sourire, est-il possible de ne pas convenir aux standards dans notre société, au risque de se faire marginaliser, voire pire?
Un film comme une bulle hors de la réalité usuelle
Être à part est trop souvent considéré comme un handicap dans notre monde moderne. L’héroïne Mimi avoue naturellement sa différence, elle a réussi le barreau mais a fait des séjours en instituts spécialisés, ce qui arrive souvent aux schizophrènes, bipolaires ou dyslexiques. La réalisatrice ne parle plus de son expérience personnelle comme dans La fête est finie, elle invente une histoire fictionnelle des plus réalistes, plongeant Mimi (Daphné Patakia) dans une intrigue où elle doit se débrouiller avec des contraintes dont elle n’a pas l’habitude. Là où une véritable personne serait vraisemblablement suivie pour la protéger, le personnage évolue en toute liberté, causant des maladresses, des incompréhensions ou des petites catastrophes. Mimi ressemble parfois à une Charlot moderne, à la bienveillance confinant à la naïveté, obligée de se débrouiller dans des conditions qu’elle ne semble pas vraiment capable d’appréhender, pourtant elle s’en sort souvent pas si mal. Hypersensible, victime de bouffées d’angoisse, elle circule dans un monde qu’elle comprend mal, les non-dits sont pour elle invisibles, elle prend toujours les choses au premier degré, ce qui met souvent ses interlocuteurs mal à l’aise, créant autant de quiproquos savoureux. Le film oscille alors souvent entre comédie, rom’com et enquête ardue. Mimi est un personnage qui en rappelle d’autres de l’âge d’or d’Hollywood. Héroïne involontaire, bien loin de se débrouiller comme un poisson dans l’eau, toujours à la marge mais réussissant finalement à se construire un destin. Surtout que les autres personnages supposés normaux semblent eux mêmes enfermés dans leurs bureaux, dans leurs existences et dans eux mêmes, en ce sens Mimi symbolise la liberté possible à atteindre malgré les avanies du quotidien. Chaque personnage garde d’ailleurs la même tenue toute au long du film, plongeant ainsi dans un rôle immuable, entre comics et tenue de super (anti-)héros.
Les choix d’histoire et de mise en scène rappellent d’autres réalisateurs désireux de s’éloigner de la normalité pour ouvrir le champ des possibles (cf Le Daim de Quentin Dupieux). Sur la branche offre un vrai courant d’air frais en refusant le terrain balisé des scénarios basiques avec une histoire véritablement originale.
Synopsis: Mimi a presque trente ans et rêve toujours à ce qu’elle pourrait faire quand elle sera grande. Alors qu’elle se décide à chercher du travail, elle fait la connaissance de Paul, un avocat sur la touche. Ensemble ils vont tenter de défendre Christophe, un petit arnaqueur qui clame son innocence. Si Paul voit dans cette affaire un moyen de se refaire, Mimi y voit, elle, une mission, un chemin vers la justice et la vérité.