La tanche, un roman choc, dérangeant (Belfond)
Inge Schilperoord est hollandaise, journaliste et auteure. Elle est également psychologue judiciaire. Dans le cadre de son travail, Inge Schilperoord a côtoyé de nombreux pédophiles et son expérience va lui être indispensable à l’écriture de son livre. La tanche est son premier roman, couronné aux Pays Bas du Bronze Owl, meilleur premier roman de l’année.
Scénario très original
Inge Schilperoord nous tient en haleine de la première à la dernière page. Elle nous raconte l’histoire de Jonathan qui vient d’être libéré, faute de preuves. Très vite on comprend que Jonathan a violé une petite fille, sans rentrer dans les détails de l’histoire. Il est sorti de prison, faute de preuves. Jonathan a commencé une thérapie en prison et il sait qu’il a de fortes chances de récidives. Il doit travailler sur lui et se faire aider pour se soigner.
Tout au long du livre, on vit avec Jonathan, avec ce qui se passe dans sa tête et dans son corps. On découvre toutes les pulsions auxquelles il doit faire face. Son combat contre l’horreur, contre lui-même. Jonathan vit seul avec sa mère. Il essaie d’être bon, de faire en sorte d’être le plus normal possible. Il écrit les tâches qu’il doit accomplir au quotidien et essaie de s’y tenir. Sortir le chien, aller travailler, aider sa mère, nourrir le poisson, la tanche. Tout ça paraît facile à faire, mais pas pour Jonathan. Et la petite fille de la maison d’à côté, Elke, va lui compliquer considérablement sa vie quotidienne. Cette petite est seule toute la journée, ses parents sont séparés et sa mère travaille au café. Du coup, Elke vient voir souvent Jonathan car elle adore les animaux, le chien d’abord et puis le poisson qu’ils ont pêché ensemble et qui est mal en point. Et aussi Jonathan, elle l’aime bien.
Un monde innommable
Inge Schilperoord analyse avec de nombreux détails le monde dans lequel vit Jonathan. C’est sans doute la première fois qu’un auteur entre ainsi dans l’esprit et le corps d’un pédophile. Si Jonathan souffre de multiples façons, tout au long du livre, le lecteur se rend compte dans quel monde il est enfermé. C’est absolument terrifiant, à mille lieux de notre vie. Le livre est très bien écrit, à la portée de tous et en même temps, Inge Schilperoord nous éclaire sur les processus psychiques mis en place chez un pédophile. Des pulsions immaîtrisables. On ne va pas pour autant excuser le pédophile, mais sans doute ce livre va-t-il nous apporter un nouveau regard face à ce monde que l’on préfèrerait ne pas exister.
La tanche, un livre qui nous marquera, à jamais.
Inge Schilperoord sera à Paris pour rencontrer ses lecteurs le 25 septembre 2017, à 19h, à la Maison de la Poésie. Pour vous inscrire, cliquez ici.
Quelques extraits :
Le juge avait conclu qu’il avait abusé d’elle. Mais, pour sa part, il avait plutôt l’impression qu’une chose immense, incommensurable, une chose indicible extérieure à lui-même avait abusé de lui. Extrait p.124
[…] Et maintenant il aurait aimé concevoir, d’une manière ou d’une autre, quelque chose, peu importe quoi, qui aurait fait peser sur elle aussi une part de culpabilité dans cette histoire. Si seulement il avait pu trouver comment la rendre coupable également.[…] p.196
Couronné par le Bronze Owl, nommé cinq fois livre de l’année par la presse, finaliste des plus grands prix littéraires, un premier roman qui a semé le trouble aux Pays-Bas en s’attaquant à un sujet tabou : entrer dans la tête d’un homme en lutte contre lui-même et contre ses pulsions pédophiles. Sombre et captivante, une lecture choc et pourtant nécessaire.
En cette étouffante journée d’été, Jonathan sort de prison. Dans le bus qui le ramène chez sa mère, il se répète ce que lui a dit le psychologue : ce n’est pas lui qui est mauvais, ce sont ses actes. Et s’il parvient à organiser rigoureusement ses journées, il sera un homme meilleur.
Jonathan se le promet. Il va s’occuper de sa mère asthmatique, retourner travailler à l’usine de poissons, promener le chien, aller à la pêche. Il restera seul, il ne parlera à personne, il va s’occuper les mains, l’esprit, tout faire pour ne pas replonger.
Car il le sait, s’il a été libéré, faute de preuves, le psy a parlé d’un taux de récidive de 80 %. Il ne doit pas se laisser déborder à nouveau.
Or, dans ce quartier en démolition où vit sa mère, vivent aussi une jeune femme et sa fillette…
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