The Birth of a nation remue le couteau dans la plaie de l’esclavagisme

Birth of a nation
Birth of a nation, film de Nate Parker, Copyright 2016 Twentieth Century Fox

The Birth of a nation remue le couteau dans la plaie de l’esclavagisme

Le très polémique Birth of a nation sort sur les écrans français le 11 janvier. Le réalisateur Nate Parker prend un parti pris non édulcoré sur l’esclavagisme en vigueur dans le sud des Etats-Unis au XIXe siècle pour illustrer l’impunité et la sauvagerie de propriétaires blancs cruels et racistes. Violence frontale et scènes à la limite du supportable s’égrènent pendant près de deux heures. Certains jugeront cette escalade inadmissible et contre productive, d’autres considèreront qu’il est difficile d’imaginer une époque pas si éloignée que ça sans en montrer les exactions dont étaient victimes les esclaves noires.

Le résultat atteint son but, alerter sur les risques d’une situation qui tendrait à se répéter dans de nombreux endroits du monde. Ames sensibles s’abstenir. Le film divisera néanmoins sur ses partis pris  formels et scénaristiques.

Une réalisation hyper réaliste

Nate Parker puise dans un évènement historique la substance de son drame historique. Un jeune esclave plus éclairé que les autres devient pasteur au contact d’une femme de propriétaire terrien moins obtus que les autres. Elle lui enseigne les préceptes de la bible, il y trouvera la matière pour légitimer sa révolte. Le réalisateur met en rapport les racines africaines encore récentes d’esclaves tout droit débarqués d’un continent différent et leur quotidien besogneux dans les champs de coton. La fortune des esclavagistes provient tout droit de cette main d’oeuvre bon marché et corvéable à merci. Entassés dans des cabanes, ils appartiennent à d’autres êtres humains sur la seule foi de leur peau foncée. Pourchassés et lynchés en cas de fuite, leur quotidien est fait de peur constante et de brimades continuelles. Le récent 12 years a slave mettait en exergue le sort funeste d’esclaves tombés entre les mains de propriétaires tourmentés et peu scrupuleux. Birth of a nation va plus loin en ne cachant rien des sévices, voire en insistant bien sur leur totale brutalité.

Des partis pris polémiques

Nate Parker choisit de heurter le spectateur sans jamais le ménager. Viols, mortifications, lynchages, tout ou presque est montré pour bien refléter une réalité sans ambages ni angélisme. En plus d’un principe condamnable et inhumain, l’esclavagisme comportait une multitude de sévices continuels, ce qui est habituellement et largement minoré dans les livres d’histoire. Le spectacle est souvent insoutenable et, étrangement, interroge sur la justesse du procédé. La question d’une rancoeur à vif se fait jour jusqu’à interroger sur les partis pris du réalisateur. La loi du talion avec les meurtres violents des propriétaires par les esclaves en révolte et les faciès haineux d’esclaves avides de vengeance mettent mal à l’aise. Le film semble passer de la critique objective à la revendication violente en même temps que le pasteur trouve des justifications à la violence dans la bible. Le fil de la colère semble éternel et se répéter inlassablement à travers les époques.

Un film ancré dans son époque

Le réalisateur utilise des effets visuels nombreux afin de captiver une large audience. Les visages éclairés à la flamme au coeur de l’obscurité répondent aux sévices réalisés en plein jour dans un contrepied plein de sens. Si les esclaves noirs courbent l’échine, ils gardent en eux la rage pour se rebeller contre des propriétaires garants d’un système qui convainc même les plus réticents. Le héros pasteur voit ainsi son propriétaire indulgent devenir insensible à sa souffrance pour intégrer un milieu social dont il a été  exclu. Le visage innocent d’Armie Hammer (The Social Network, Lone Ranger) se prête bien à la duplicité d’une époque fondée sur l’inégalité. Le rythme imprimé par le réalisateur/acteur s’accélère au fur et à mesure que la rage vient à se déverser jusqu’à l’impitoyable répression finale.

En reprenant le titre d’un célèbre film centré sur l’histoire du Klu Klux Klan, Birth of a nation fait une critique sans concession de son pays. Sa duplicité, ses réflexes ségrégationnistes, sa violence intrinsèques. Pas de faux semblant dans un film destiné à un public averti.

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Birth of a nation
Birth of a nation

Trente ans avant la guerre de Sécession, Nat Turner est un esclave cultivé et un prédicateur très écouté.
Son propriétaire, Samuel Turner, qui connaît des difficultés financières, accepte une offre visant à utiliser les talents de prêcheur de Nat pour assujettir des esclaves indisciplinés. Après avoir été témoin des
atrocités commises à l’encontre de ses camarades opprimés, et en avoir lui-même souffert avec son épouse, Nat conçoit un plan qui peut conduire son peuple vers la liberté…

Sortie : le 11 janvier 2017
Durée : 1h50
Réalisateur : Nate Parker
Avec : Nate Parker, Armie Hammer, Penelope Ann Miller
Genre : Drame, Biopic, Historique

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NOS NOTES ...
Originalité
Réalisation
Mise en scène
Jeu des acteurs
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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