The Exception est un thriller psychologique danois mettant en parallèle de manière hardie les tensions entre 4 personnages féminins et le concept de Psychologie du mal. Le réalisateur danois Jesper W. Nielsen truffe son intrigue de renvois aux crimes contre l’humanité comme autant de pistes de réflexion sur l’humain et sa capacité à faire le mal. Le trouble nait au fur et à mesure que les évènements s’accélèrent, jusqu’au drame final. Parti sur une peinture de société lambda, le film s’élève, et le spectateur avec lui.
Un thriller à ne pas manquer
Le film est accompagné d’un slogan à l’ambiguïté immédiate. Si vous aimez vos collègues, chérissez-les, tout le monde n’a pas cette chance. Comme si chérir ses collègues étaient la garantie d’une vie professionnelle épanouie… ou peut-être est-ce comme un avertissement prémonitoire. Cette adaptation du best-seller de Christian Jungersen n’est pas sans rappeler l’ambiance délétère de la saga Millenium, avec une bonne ambiance paranoïaque. Le mal est partout et peut surgir à tout instant. Une ONG danoise sert de cadre au film avec 4 documentalistes entre lesquelles les liens d’amitié et d’inimité instillent une tension constante et croissante. Alors que leur travail consiste à enquêter sur les génocides et les crimes contre l’humanité, la nouvelle venue Anne-Lise (toujours impeccable Sidse Babette-Knudsen vue notamment dans la série Borgen) se trouve mise à l’écart par ses 3 collègues, jusqu’à faire naitre le doute dans l’esprit du spectateur sur sa santé mentale. D’autant que les apartés sur un ouvrage en construction intitulé Psychologie du mal évoquent les ressorts psychologiques des bourreaux en périodes de guerres er de conflits. Anne-Lise se sent harcelée, presque torturée psychologiquement par ses collègues. Ce ressenti fait naitre un climat oppressant, surtout que des criminels de guerre en fuite apparaissent au fur et à mesure de l’intrigue, comme des rappels sur la proximité de l’horrible et de la normalité la plus lambda. Et comme des menaces de mort sont envoyées par un mystérieux expéditeur, la tension ne retombe jamais. L’engrenage est lancé et les révélations sur les 4 héroïnes concourent à complexifier encore un peu plus un film qui ne perd jamais en attrait. Les zones d’ombre se multiplient et brouillent toujours un peu plus les repères, enfonçant le spectateur dans un stress haletant jusqu’au dénouement… très ouvert, qui ne résout pas tout.
Paranoia et ambiguïté sont les piliers de ce thriller qui tente d’appliquer à un contexte ordinaire les ressorts de crimes normalement appliqués à des conflits de plus grande envergure. Le quotidien devient étouffant, complètement anxiogène, dans un film qui atteint son but, troubler le spectateur et le faire réfléchir sur la banalité du mal.
Synopsis: Anne-Lise rejoint, en tant que documentaliste, une petite ONG danoise travaillant sur les génocides. Remarques mesquines, mise à l’écart… Dès le départ, elle fait face à un front glacial instauré par trois employées. Le harcèlement subi par Anne-Lise vire au cauchemar lorsque ses collègues reçoivent des menaces de mort par e-mail. Les quatre femmes soupçonnent un criminel de guerre serbe dénoncé dans le cadre de leurs recherches, mais dans un climat de suspicion de plus en plus oppressant, elles en viennent bientôt à penser que la menace pourrait bien venir de l’intérieur…