Casanova est un personnage devenu mythique. Aventurier insatiable, séducteur invétéré, joueur impénitent, il rend visite à sa mère Zanetta Farussi, compagne du gouvernant local mourant à Dresde, toute prête à se retrouver à la rue à son trépas. Tous deux reviennent de tout et confrontent leurs existences respectives dans un déballage entre le règlement de compte et la confession, entre moment intimes et harangues enflammées, jusqu’à la découverte de leurs fêlures cachées et des vérités si longtemps tues. Marie-Chistine Adam et Alain Sportiello ne ménagent pas leurs effets pour camper des personnages hauts en couleur dans une mise en scène sobre mais efficace de Jean-Louis Tribes.
Un duo que tout oppose?
Les spectateurs s’attendent à un numéro tout en esbroufe de Casanova. Mais lorsqu’il retrouve sa mère, celle qui l’a abandonné dans sa jeunesse et qu’il ne retrouve que rarement, c’est le moment pour chacun de se livrer. Inconnus l’un à l’autre, ils se livrent entre fanfaronnage et prises de conscience. La tension de la pièce monte petit à petit, les masques tombent et celui des deux qui a le plus de choses à livrer n’est pas forcément celui que l’on pense. Le personnage quasi littéraire de Casanova se comporte comme on peut l’imaginer, presque caricatural, il raconte ses techniques de séduction, il triche au jeu et raconte comme il est épanoui dans ses conquêtes féminines incessantes. C’est quand sa mère commence à se livrer que le drame de la pièce se révèle car malgré l’âge et la filiation, elle n’a pas de fausse pudeur et lui expose ses ambitions (déçues?) d’actrice, son effroi face à la vieillesse qui approche et son rôle de femme dévolue aux bons plaisirs des hommes. La pièce brosse l’image d’une femme qui cherche l’autonomie et l’indépendance mais se révèle constamment le jouet des hommes de son temps. Le séducteur naviguant entre succès et échecs se révèle point trop différent de sa génétrice, l’hérédité joue à plein et ce sont les mêmes doutes qui habitent ces personnages constamment dans la représentation, la pièce devient une mise en abime du théâtre avec deux individus qui ne peuvent se laisser aller au naturel ou à la simplicité, ils doivent constamment se surpasser pour exister et trouver leur place, jusqu’à s’oublier et finalement se décevoir. La tension est constante et porte les spectateurs tout du long.
L’été n’est hélas pas propice aux sorties théâtrales et cette pièce mériterait une assistance bien plus conséquente pour rendre justice à la prestation des comédiens. Il reste du temps pour aller admirer cette pièce, n’hésitez ps à vous réserve une petite soirée!
Dates : jusqu’au 11 aout 2019, 19h Lieu : Le Lucernaire (Paris)
Metteur en scène : Jean-Louis Tribes Comédiens: Marie-Christine Adam, Alain Sportiello