Un ouvrage pour les passionnés de cinéma, consacré à Henri-François Imbert dans libre cours de Raphaëlle Pireyre et Quentin Mével aux éditions Playlist Society
Je l’avoue sans complexes le nom de Henri-François Imbert ne me disait pas grand chose. Le métier de chroniqueur a donc du bon quand la possibilité est donnée de lire un ouvrage consacré à un réalisateur dont la démarche personnelle l’a amené à se lancer dans l’art cinématographique via un parcours iconoclaste. De son premier appareil super 8 possédé en 1987 à l’âge de 20 ans jusqu’à la réalisation de films aux airs naturalistes très appuyés, le cinéma de Henri-François Imbert se base invariablement sur le réel. Le réalisateur creuse, décortique pour des films a priori assez confidentiels mais qui méritent le visionnage.
Une oeuvre intimiste
L’essai rédigé par Raphaëlle Pireyre et Quentin Mével fait apparaitre un cinéma entre artisanat et intentions poétiques qui vise à la sincérité d’un réel sans fard. L’essai initial donne des pistes de lecture pour rentrer dans une oeuvre cinématographique relativement secrète. Sans avoir vu aucun des films du réalisateur, la lecture de l’essai se rapproche de celle d’un roman, avec des adjectifs qui donnent envie de se lancer. Nostalgie, hospitalité, famille, la lecture donne une impression de cinéma universel et fraternel. Le réalisateur en parle lui-même avec un luxe de détails et de confidences dans l’interview qui suit, retraçant l’histoire des rencontres et des influences qui l’ont façonné. Il est question d’instinct et de ressenti lorsque le réalisateur retrace la genèse de chacun de ses films. André Robillard, l’Irlande du Nord, Doulaye, No Pasaran, Henri-François Imbert raconte son oeuvre et se raconte en choisissant ses mots avec un luxe de précision. Il a toujours suivi son instinct et cela se sent à la lecture. Pas de hasard, à peine des coïncidences, surtout l’envie de mettre sur la pellicule des récits qui lui tiennent à coeur.
Les 136 pages de l’ouvrage font rentrer le lecteur dans un univers très personnel où les choix de sujets se font au détour des rencontres avec toujours la volonté de coller au réel. La lecture donne surtout envie de découvrir des films peu connus mais qui n’attendent que d’être découverts.
De Sur la plage de Belfast au Temps des amoureuses, le cinéma d’Henri-François Imbert propose, loin des agitations et du rythme frénétique des médias, une poétique de l’image. Par sa réflexion sur le cinéma comme outil de mise en relation des êtres, des choses et des temporalités, il pose sans cesse la question : qu’est-ce-que faire partie de ce monde ? Un film d’Henri-François Imbert est comme un cours d’eau qui se fraye un passage entre les éléments du paysage, contourne certains d’entre eux pour mieux nous les signaler, et garde indéfectiblement le cap vers l’expérience de la relation à l’autre. Composé d’un essai et d’un entretien, Henri‑François Imbert, libre cours parcourt la filmographie d’un orfèvre qui par sa patience impose une vision unique du cinéma
Date de parution : le 26 octobre 2018
Auteur : Raphaëlle Pireyre et Quentin Mével
Editeur : Playlist Society
Prix : 8 € (136 pages)
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