Années 20 est d’abord une performance avec des duos déambulant en toute liberté dans les rues de Paris, entre la Seine et les Buttes-Chaumont. Pas de coupures, une fluidité totale, des dialogues denses et fournis, la prouesse est digne d’éloges. En filigrane, c’est la liberté retrouvée post-confinement qui s’inscrit, entre folie douce, préoccupations artistiques et élans d’amour. Les acteurs et actrices sont parfaits pour un voyage d’1h30 aussi sensible que passionnant.
Un panorama de la jeunesse d’aujourd’hui
Années 20 ne replonge pas dans les années folles du XIXe siècle, le film se déroule à l’été 2020, les appartements clos se vident de leurs habitants enfermés et angoissés. Les terrasses et les parcs se remplissent. Tourné en milieu réel et urbain en plein Paris, caméra à l’épaule, à pied ou à mobylette, la narration suit les protagonistes comme au hasard. Des filles, des garçons, des amis, des amies, le fil conducteur n’a guère d’importance. Le principal est de se fondre dans l’ambiance, sans s’imposer, jusqu’à surprendre des passants lambdas jeter des regards curieux au scènes qui se jouent en plein air. Les masques sont bien évidemment portés dans le métro, rappel évident à la situation sanitaire qui a occupé les esprits et les corps. Années 20 se veut un fil rouge que suivent une vingtaine de personnages qui parcourent les rues de Paname, la caméra saute d’une discussion à une autre, abandonnant un duo pour en retrouver un autre et s’attacher à une autre discussion, d’autres enjeux, qui vont bien au-delà du confinement. C’est la vie qui s’exprime, les préoccupations de jeunes gens tous voués à vivre leur vie. Le résultat est un sublime plan séquence d’1h30 qui fait écho à ceux de Victoria ou Time code. Performance technique mais aussi riche témoignages de ce qu’aura été le début des années 2020, décennie centrale remplie de changements à l’influence décisive sur la suite des décades, comme le rappelle l’un des personnages anonymes. Beaucoup reconnaitront le Louvre, les quais de Seine, le métro, la place de la République, Belleville, le canal Saint-Martin et le parc des Buttes-Chaumont qui surplombe Paris. Une vraie balade touristique mais aussi un espace temps qui se déroule sans interruption, une bobine parlée jouée à la perfection. La réalisatrice Élisabeth Vogler, pseudo d’un ou d’une cinéaste restée anonyme., est à la manœuvre sur le scénario de Joris Avodo, François Mark et Noémie Schmidt. Devant la caméra, des valeurs sûres, des débutants et des étoiles montantes comme les 3 suscités, Alice de Lencquesaing et Elisa Guedj révélée par la série Drôle.
Années 20 est au final un film qui se veut générationnel, au cœur d’une époque tourmentée où la vie en arrêt semble ne s’être jamais vraiment arrêté. Le film sort au cinéma le 27 avril pour un très beau moment de cinéma, entre discussions très Paris Rive Gauche et enthousiasme retrouvé.
Synopsis:Quelques heures à Paris, un soir d’été en 2020. La caméra suit un passant puis l’autre, voyageant à travers les rues de la ville et multipliant de curieuses rencontres : jeunes excentriques, personnages originaux et anticonformistes. Au cours d’un seul plan ininterrompu, la caméra lie les personnages à travers un même territoire, et une même époque en crise que chacun traverse et questionne à sa manière.