Une Traviata en état de grâce et hyper-connectée, présentée à Garnier l’année dernière, à (re)voir jusqu’au 9 novembre 2020

“Une Traviata” en état de grâce et hyper-connectée à Garnier, signée Simon Stone
La Traviata de Giuseppe Verdi, mise en scène Simon Stone – photo © Charles Duprat/Opéra national de Paris

Une Traviata en état de grâce et hyper-connectée, présentée à Garnier l’année dernière, à (re)voir jusqu’au 9 novembre 2020

Une Traviata à l’aune des réseaux sociaux, magnifiquement portée par la soprano sud-africaine Pretty Yende et le ténor Benjamin Bernheim, tel est le pari audacieux mais réussi de Simon Stone.

La captation de cet opéra enregistré en septembre 2019 au palais Garnier, à Paris, est à (re)voir jusqu’au 9 novembre 2020, à la fin de cet article.

L’Australien s’empare avec brio du célèbre opéra composé par Verdi en 1853 et met en scène une incroyable Violetta qui n’est plus une courtisane du XIX siècle, inspirée de La Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas fils, mais une influenceuse pleinement dans son époque, nouvelle égérie de la toile et d’une marque de parfums, évoluant dans un monde ultra-connecté.

Traviata raconte le sacrifice d’une femme qui doit renoncer à l’homme de sa vie et y décrit une femme consumée par les sentiments dont la brûlure n’a d’égale que son destin brisé. Violetta, héroïne mythique, qui éprouve à la fois l’allégresse et le désespoir, la liberté et la possession de la passion.

Sur scène, deux murs géants placés sur une tournette (dispositif scénique habituel de Simon Stone) visualise en live la page Instagram de l’héroïne avec ses 147 millions d’abonnés, ses milliers de « likes », son site de produits Beauty.com, des photos et selfies de la protagoniste en train de s’étourdir.

Ici, Violetta ne mourra pas de tuberculose mais d’un cancer et les SMS auront remplacé les lettres. Cette réactualisation de l’œuvre qui jongle avec les vidéos, les références à l’ère numérique et sa désincarnation, conserve toutefois tous les épisodes de l’opéra, de la fête initiale à la mort de Violetta.

Et le metteur en scène frappe fort à l’abri d’un découpage quasi-cinématographique du livret qui imprime une fluidité sans faille à la narration dont les corps, les voix, les images vidéo, se font les relais du vertige de l’amour, son emportement, ses tourments et sa perte sacrificielle.

Dans cette fuite en avant, la soprano sud-africaine Pretty Yende est exceptionnelle de grâce et d’expressivité où sa voix claire, aux multiples nuances, est en osmose parfaite avec l’action dramatique qui s’y déploie. Quant à son partenaire qui joue son amoureux (Benjamin Bernheim), il témoigne d’une aisance incroyable au timbre vibrant et subtil, tandis que Ludovic Tézier (Germont père), impose avec un un naturel éclatant, une voix aussi flamboyante qu’équilibrée.

Le tout emmené par la direction de Michele Mariotti qui donne à la partition musicale une force et une profondeur dans un geste aussi enlevé qu’inspiré. Bravo !

 La captation intégrale disponible jusqu’au 9 novembre c’est ici

NOS NOTES ...
Originalité
Scénographie
Plateau vocal
Mise en scène
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.
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