Le réalisateur de Boite noire et Un homme idéal est de retour. Yann Gozlan réunit Mathieu Kassovitz et Diane Kruger pour explorer les thèmes de la folie et de la psychose dans un film qui brouille constamment les pistes entre fantasme et réalité. Le personnage principal d’Estelle est-elle manipulée, sous l’emprise de substances ou en perpétuelle fuite d’elle-même? Pilote de ligne à la carrière exemplaire, mariée à un médecin bien sous tous rapports mais désireuse d’enfanter tout en étant accaparée par des sentiments pour une ancienne conquête revenue à la surface, elle doit faire face à ses démons dans un film qui laisse longtemps le spectateur sans boussole pour mieux le perdre et lui donner les solutions finales.
Une femme à la croisée des chemins
Derrière ce portait de femme moderne, indépendante mais prise aux pièges des choix de la quarantaine, désireuse d’entretenir une vie maritale épanouie mais incapable de résister à ses désirs, Yann Gozlan échafaude une intrigue entre psychologie, thriller et romance. Pour aboutir à ce scénario rondement mené, il a collaboré avec plusieurs scénaristes jusqu’à ce que Jean-Baptiste Delafon accouche de la version finale. Les personnages de Visions pensent pouvoir toujours garder le contrôle sans se rendre compte de la possibilité qu’ils puissent le perdre. Un peu comme dans Blade Runner où les réplicants ont une mémoire implantée avec les souvenirs d’un autre, les personnages de Visions voient leur esprit se brouiller jusqu’à perdre le sens de la réalité. Pour ce portrait, le réalisateur s’est documenté en s’intéressant au métier de pilote d’avion pour un surplus de réalisme et de crédibilité, il s’est également plongé dans la lecture de livres traitants de la psychanalyse et de l’inconscient. Le résultat est un film au climat souvent envoutant, voire étrange et malsain. Certains pilotes avec qui le réalisateur ont évoqué leurs troubles du sommeil et la nécessité récurrente de prendre des somnifères puissants pour pouvoir dormir. Il s’en est inspiré pour son héroïne en manque croissant de lucidité, rappelant les héroïnes hitcockiennes comme Tippi Hedren et Grace Kelly pour le personnage d’Estelle. Blonde, libérée, magnétique, elle maitrise longtemps les évènements avant de se faire emporter par une vague incontrôlable. Pour Diane Kruger, c’est un retour en France depuis son dernier film français tourné en 2017.
Visions est une belle tentative de plonger un esprit cartésien dans un contexte mouvant et incontrôlable. Il est à découvrir le 24 janvier en DVD, BRTD et VOD.
Synopsis: Pilote de ligne confirmée, Estelle mène, entre deux vols long-courriers, une vie parfaite avec Guillaume, son mari aimant et protecteur. Un jour, par hasard, dans un couloir d’aéroport, elle recroise la route d’Ana, photographe avec qui elle a eu une aventure passionnée vingt ans plus tôt. Estelle est alors loin d’imaginer que ces retrouvailles vont l’entraîner dans une spirale cauchemardesque et faire basculer sa vie dans l’irrationnel…