Le Lac des Cygnes, Irina Kolesnikova et le Saint-Pétersbourg Ballet Théâtre au Théâtre des Champs-Elysées
Irina Kolesnikova honore annuellement le Théâtre des Champs-Elysées de sa présence pour ses « saison théâtrales personnelles ». Le TCE accueille la danseuse et comédienne russe accompagnée du Saint Petersbourg Ballet Théatre en 2016 pour interpréter Odette/Odile dans Le Lac des Cygnes, Marie dans Le Casse-noisettes et Kitri dans Don Quichotte. Deuxième occasion personnelle d’admirer sa grâce et sa légèreté après un Roméo & Juliette fascinant en 2015. Une salle comble a fait un triomphe à la troupe russe pour un Lac des Cygnes divin en tous points.
L’argument du Lac des Cygnes mêle tragédie romantique et magie ensorcelante. Le prince Sigfried fête sa majorité dans un grand bal organisé au chateau. Le soir venu, il se dirige vers un lac où des cygnes se transforment en jeunes femmes. La reine des cygnes Odette lui narre l’ensorcellement dont elles sont victimes, Le sorcier Rotbart les condamne à rester cygnes le jour et femmes la nuit jusqu’à ce que la force d’un amour véritable vienne à les libérer. Siegfried assiste à la transformation des belles jeunes femmes en cygnes l’aube venue. Revenu au chateau, le prince voit défiler de belles jeunes femmes jusqu’à ce qu’un noble chevalier lui présente sa fille Odile. Le noble est nul autre que Rotbart et la ressemblance de sa fille avec Odette trouble le prince. Mais découvrant la supercherie et la duplicité du faquin, il se précipite au Lac, retrouve Odette et vainc le maléfice.
Chorégraphie parfaite, mouvement gracieux des mains, les doigts s’étirent jusqu’au ciel (…)
Odette/Odile est un personnage clé de l’univers du ballet. La légende voudrait que Tchaikovsky ait fait du cygne une métaphore des amours féminines interdites pour lui, le compositeur homosexuel. Après l’échec d’un mariage de convenance, ce qu’il vit comme une implacable fatalité le poursuit et il projette dans le personnage de Siegfried ses propres aspirations, lui qui ne peut avoir de relation charnelle avec un cygne blanc symbole de pureté. Tchaikovsky pave son ballet de doubles-sens et de partitions rentrées dans le patrimoine musical universel. La Danse des cygnes reprise notamment dans l’émouvant Des Hommes et des Dieux ou la Danse des petits cygnes sont connus de tous et utilisés dans les films ou publicités. Les 4 actes du ballet sont un morceau de bravoure du ballet mondial et chaque danseuse rêverait d’apparaitre dans Le Lac des Cygnes, même dans un rôle secondaire près de la porte du fond derrière le rideau.
Irina Kolesnikova est danseuse étoile depuis 2001 et sous ses faux airs d’Uma Thurman, elle dégage un charme enchanteur dès sa première apparition sur scène. Accompagnée de près de 40 danseuses et danseurs, elle subjugue dans un spectacle hypnotisant 3 heures durant. Il faut voir les danseuses vêtues de leurs tutus blancs faire leur entrée sur scène. 1, 2, 5, 10… ce sont 24 danseuses qui accompagnent Irina Kolesnikova dans des chorégraphies au classicisme captivant. Portés, pas chassés, pointes, les prestations sont parfaitement maitrisées. Quant à Irina…sa technique est parfaite et elle semble déployer chaque mouvement même le plus impressionnant sans le moindre effort apparent. Toujours souriante, toujours gracieuse. Les applaudissements pleuvent à la fin de chaque tableau et il faut voir l’élégance des danseuses lorsqu’elles remercient la foule. Chorégraphie parfaite, mouvement gracieux des mains, les doigts s’étirent jusqu’au ciel, regards délicats, de quoi tomber immédiatement amoureux de leur majesté.
L’intensité des scènes de danse fait littéralement irradier de grâce la scène du TCE. Les décors et les costumes ont une tonalité slave enchanteresse et la palette d’émotions envoute l’audience toute entière. C’est un concert d’applaudissement qui ponctue un pur moment de magie. Vivement le retour d’Irina Kolesnikova avec le Saint Petersbourg Ballet Theatre en 2017 pour Le Lac des Cygnes et Gisèle !
Dates : les 24 et 25 février 2016 l Lieu : Au Théâtre des Champs-Elysées (Paris)