Photo © Elisabeth Carecchio
La Colline – théâtre national du 12 mai au 06 juin 2015
Le metteur en scène Stanislas Nordey revient à Pasolini, un auteur qui l’accompagne depuis ses débuts. Dans « Affabulazione », il est aussi sur scène pour jouer le rôle d’un père hanté par la figure de son fils dont la mise à mort sacrificielle, dans un renversement des rôles aussi sulfureux que mystique, fera du père un fils immémorial.
[pull_quote_center]Scandant la prose sur un ton monocorde et déclamatoire dont Stanislas Nordey est devenu coutumier, le directeur du Théâtre national de Strasbourg nivèle, dans une mise en scène trop distanciée et hiératique, les fulgurances poétiques et charnelles du texte dont la circulation avec les autres comédiens est empêchée.[/pull_quote_center]
Une tragédie moderne donc où quand Pasolini convoque le mythe d’OEdipe, il en inverse le propos : C’est Laïos le père qui regarde Œdipe le fils pour essayer de le déchiffrer. C’est Laïos qui ne sait pas comment vivre face à ce fils. C’est Laïos qui veut tuer Œdipe. Mais que se passe-t-il lorsque ce sont les pères qui veulent tuer les fils ?.
Au commencement de cette affabulation, un cauchemar qui va transformer radicalement la vie de celui qui le fait. Une nuit en Lombardie, un riche industriel se voit, en rêve, enfant. Il poursuit un garçon plus grand que lui. Il ne parvient pas à voir son visage. Il l’interpelle alors : « Père ! » lui lance-t-il…
La pièce interroge l’éternelle question de la transmission, du pouvoir tutélaire et de la rivalité dans la filiation tout en fustigeant la haute bourgeoisie et l’ordre établi où l’état/nation, en père spirituel, envoie aussi ses enfants mourir à la guerre.
Le décor monumental d’Emmanuel Clolus et mouvant sous les méandres de la perdition, orné d’imposantes reproductions de tableaux de maîtres, installe avec force ce drame aux résonnances intimes mais aussi métaphysiques.
Scandant la prose sur un ton monocorde et déclamatoire dont Stanislas Nordey est devenu coutumier, le directeur du Théâtre national de Strasbourg nivèle, dans une mise en scène trop distanciée et hiératique, les fulgurances poétiques et charnelles du texte dont la circulation avec les autres comédiens est empêchée.
Seule l’apparition très théâtrale et drôle de Véronique Nordey en diva disco diseuse de bonne aventure, tout droit sortie de nulle part, offre une folie poétique à une solennité trop sclérosante…