Seule sur le plateau, la comédienne Astrid Bayiha nous emmène dans une traversée politique, poétique et musicale de la vie de cette femme hors norme qui a dédié sa vie à la lutte pour tous les discriminés. Dans un univers musical entre rap et jazz s’entrecroisent des extraits des discours d’Angela Davis, des archives vidéo, et le texte de Faustine Noguès.
Angela Davis, histoire d’une intellectuelle et militante
Il y a des images qui marquent l’histoire. Parmi elles, celle des deux poings levés de Tommie Smith et John Carlos pendant les JO de 1968. Cette photo des deux athlètes au gant noir en signe de protestation est un véritable lieu de mémoire. Le récit d’Angela Davis est tout aussi symbolique et puissant que les images qui défilent derrière la comédienne. Accusée à tort de meurtre et de conspiration, elle est arrêtée le 13 octobre 1970 par le FBI. Vont s’ensuivre seize mois d’emprisonnement jusqu’à sa libération en février 1972 et un procès qui la reconnaitra non-coupable en juin de la même année. Elle échappe ainsi de justesse à la peine de mort, pour un crime qu’elle n’a pas commis. Grande intellectuelle, militante pour la paix au Vietnam, féministe, Angela Davis lutte luttant contre toute les formes de domination et de discrimination. Son combat exemplaire marquera plus d’une génération.
Le rap comme genre politique
Côté mise en scène, ce spectacle est d’une intensité égale à son texte. C’est puissant, fort, rythmé. Le texte de Faustine Noguès et la scénographie de Paul Desveaux sont admirables. Le public assiste à une heure d’un spectacle extrêmement cadensé, expressif et musical. Astrid Bayiha nous transporte, elle est conteuse et rappeuse. « Pour moi, [le rap] c’est un genre politique par excellence. D’IAM à Gaël Faye, de The Roots à Missy Elliott, le Rap rend possible l’inscription d’une parole militante dans un espace poétique. Il transmet la violence de la pensée et des actes. » précise-t-elle justement. La musique nous prend, les images d’archives défilent, le charisme d’Astrid Bayiha nous emmène dans une autre dimension. Le spectacle est court, passe à toute vitesse, et nous raconte pourtant des dizaines d’années de lutte.
A voir absolument au Théâtre Paris-Villette.
Angela Davis au Théâtre Paris Villette jusqu’au 4 juin 2022 puis du 7 au 31 juillet à Avignon Théâtre des Halles – La Chapelle – Festival Off Avignon à 14h (relâche les 13, 20, 27 juillet)