« Antigone » de Sophocle, mise en scène de Ivo van Hove, à Paris

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© Jan Versweyveld

Théâtre de la Ville du 22 avril au 14 mai 2015
En anglais surtitré en français – 1h45

Juliette Binoche est de retour au théâtre quatre ans après Mademoiselle Julie présentée au Festival d’Avignon en 2011 pour incarner « Antigone » dans la tragédie grecque de Sophocle.

[pull_quote_center]Entre le chœur des acteurs, tous excellents, où se consume un monde à bout de souffle, Patrick O’Kane (Créon) porte avec intensité cette figure froide, autoritaire et implacable, désincarnée par le pouvoir. Tandis que Juliette Binoche dans un jeu instinctif est cette Antigone à la fois frondeuse et solitaire, éperdue d’humanité.[/pull_quote_center]

La pièce mythique a été créée à Luxembourg le 25 février dernier, prélude à une grande tournée  internationale qui s’est arrêtée à Londres en mars puis Anvers, Amsterdam, aujourd’hui Paris, demain Recklinhausen en Allemagne, avant le festival international de théâtre d’Édimbourg en août et New York en septembre prochain.

Dans cette adaptation d’Ivo Van Hove, l’héroïne grecque nous est pleinement contemporaine où son cri du cœur en faveur de la dignité humaine, symbole de toutes les résistances et de tous les combats, s’accompagne des mots traduits par la poétesse canadienne, Anne Carson, dans une langue actuelle qui mêle le lyrisme à l’immédiateté du verbe, tout en conservant l’emprise poétique du texte initial. Magnétique.

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L’histoire convoque une jeune femme (Andromaque) endeuillée par la mort de ses deux frères, Polynice et Etéocle, qui se sont entretués dans une luttet sans pitié pour le trône de Thèbes.

Créon, le nouveau roi et oncle d’Antigone, ordonne alors de ne pas offrir de sépulture à Polynice qu’il considère comme un traite à la cité. Mais Antigone décide d’outrepasser cet ordre, dicté par la raison d’état, au péril de sa vie et par amour inconditionnel pour son frère et le respect des lois ontologiques qu’elle lui doit.

La mise en scène aiguisée d’Ivo van Hove, où les comédiens évoluent dans un décor de bureau impersonnel en costumes d’aujourd’hui (l’ici) mêlant images vidéos et effets visuels reconstituant un désert éternel (l’ailleurs), renvoie avec force à la radicalité de la tragédie écrite en 441 avant Jésus-Christ qui voit dans un sursaut héroïque – sur fond d’incestes, de drame familial et de rivalité politique – la loi de la conscience s’opposer à la loi suprême.

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© Jan Versweyveld

Entre le chœur des acteurs, tous excellents, où se consume un monde à bout de souffle, Patrick O’Kane (Créon) porte avec intensité cette figure froide, autoritaire et implacable, désincarnée par le pouvoir. Tandis que Juliette Binoche dans un jeu instinctif est cette Antigone à la fois frondeuse et solitaire, éperdue d’humanité.

Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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