Bach dans les pas dansés et inspirés de Anne Teresa De Keersmaeker

Bach dans les pas inspirés de Anne Teresa De Keersmaeker
Photos © Anne Van Aerschot © Hugo Glendinning

Bach dans les pas dansés et inspirés de Anne Teresa De Keersmaeker

Anne Teresa De Keersmaeker est de retour à Paris avec sa pièce Les six concertos brandebourgeois chorégraphiée en 2018 et inspirée par la musique de Jean-Sébastien Bach. Un coup de maître.

Les six concertos brandebourgeois est le cinquième opus qu’Anne Teresa de Keersmaeker consacre à l’oeuvre du Cantor de LeipzigBach y a expérimenté d’une manière inédite la relation entre le ripieno – c’est le terme consacré pour désigner l’orchestre en charge de l’accompagnement – et les solistes ; entre le groupe et l’individu, l’avant-plan et l’arrière-plan.

Sur le plateau, les 16 danseurs issus de différentes générations de la compagnie sont accompagnés par la violoniste française, Amandine Beyer, et par l’ensemble B’Rock.

La danse commence par une marche. Ligne calme qui avance, déferle et reflue. Une phrase répétée, modulée dont le déploiement infini s’opère en contrepoint de la ligne musicale.

Les interprètes sont pris, fondus, dans un courant indivisible. Mu par des nombres invisibles, mais inscrits dans la partition. Ecriture. Entrelacs. Géométries sous-jacentes. Les lignes avancent ou vont à reculons. Elles tremblent, se défont, tracent au sol d’autres lignes et ouvrent l’espace suivant. Des hommes à la renverse, sur les mains, pointent le ciel des pieds et tournent, créant de nouveaux équilibres insoupçonnés.

Cette quête infinie produit une fascinante effervescence qui offre, entre la forme et l’expression, entre la durée et l’instant, entre le mouvement muri et le geste instinctif, un dialogue avec la musique dont elle imprime sa polyphonie.

Car la partition est portée par toute une gamme d’impressions et d’affects appartenant à la mémoire de nos corps humains : joie et colère, fierté et mépris, vengeance et pitié, plaisir, douleur, mélancolie.

Le tout dans un mouvement perpétuel, telle une ode à la vie qui ouvre un autre ordre possible. Où le compositeur allie à la fois un caractère dansant et un haut degré d’abstraction à travers cette trame musicale qui met en jeu une multitude de procédés : variations, inversions et développements, en passant de la simplicité à la complexité, de l’ordre au chaos.

Et dont la chorégraphie d’Anne Teresa De Keersmaeker épouse à merveille les fulgurances, à l’abri de son vocabulaire – entre variation géométrique et dynamique pulsative – mais aussi de nouvelles variations, imprimant une savante organisation des corps dans le temps et l’espace.

La chorégraphe témoigne comme nulle autre de ce rapport unique entre la musique et la danse dont elle imprime dans une écriture singulière, l’empreinte des corps, des gestes et des sons dans une symbiose aussi captive que transcendante.

Car aussi fidèle soit-elle à la partition, la traduction qu’elle en fait n’en est jamais littérale. Du grand art ! Bravo.

Dates : 21 au 23 décembre 2022 – Lieu : La Villette dans le cadre du Festival d’automne  (Paris)
Chorégraphie : Anne Teresa De Keersmaeker

NOS NOTES ...
Originalité
Scénographie
Chorégraphie
Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.
bach-dans-les-pas-danses-et-inspires-de-anne-teresa-de-keersmaeker Bach dans les pas dansés et inspirés de Anne Teresa De Keersmaeker Anne Teresa De Keersmaeker est de retour à Paris avec sa pièce Les six concertos brandebourgeois chorégraphiée en 2018 et inspirée par la musique de Jean-Sébastien Bach. Un coup de maître. Les six concertos...

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