Batman vs Superman : quand les super-héros dansent la java sans entrain
Batman Vs Superman débarque enfin sur nos écrans après une intense campagne internationale jalonnée d’un flot ininterrompu de trailers. Reste-t-il des surprises à découvrir dans le film de Zack Snyder ? En réunissant les deux mythiques superhéros américains, il exauce le voeu de millions de fans de par le monde. Mais réussit-il pour autant son pari d’initier une nouvelle franchise cinématographique autour des personnages DC Comics ? Le doute est permis.
Si le titre sous-entend une lutte fratricide entre le natif de Krypton et l’orphelin milliardaire, le film va bien au-delà d’une simple guéguerre entre les deux superhéros. Man of Steel se clôturait sur le combat dantesque entre Superman et le Général Zod. Une avalanche de coups réduisait en cendres plusieurs buildings de Métropolis en jetant un voile pudique sur les dégâts collatéraux. Batman Vs Superman débute sur ce constat inédit pour l’espèce humaine. Un alien a dorénavant la capacité d’annihiler l’humanité. Question philosophique passionnante abordée avec insistance par le réalisateur.
Ce qui donne deux premiers tiers de film flegmatiques, plus proches du thriller que du film d’action. Bruce Wayne porte plus souvent le costume smart que sa tenue de chauve souris tandis qu’il cherche à récupérer une arme capable de le faire affronter et vaincre le kryptonien. La première scène véritablement bodybuildée intervient après plus de 30 minutes, laissant un rythme crispant s’installer.
[L]es dialoguistes se sont mis en grève, c’est bien dommage.
Autant le dire tout de suite, si le film échoue à trouver son public, la faute en incombera certainement à cette partie du film bien loin des standards habituels des blockbusters. Les faramineuses explosions éclairent le dernier tiers, dans une avalanche de pyrotechnie qui ravira les artificiers. Les coups pleuvent, les superhéros s’affrontent et cherchent à vaincre un adversaire aussi hideux que pataud. Une partie qui ravira les jeunes fans mais ennuiera les puristes.
Zack Snyder prépare visiblement la suite et introduit l’univers DC Comics. Des personnages plus ou moins secondaires apparaissent subrepticement. De subtiles touches de Joker sont disposées et le vrai méchant est ici Lex Luthor. Jesse Eisenberg se glisse avec délectation dans les habits du richissime nemesis de Superman mais… si l’acteur multiplie les mimiques et faciès avec brio, ses dialogues ne sont pas au niveau attendu. Aucune réplique culte, aucune petite phrase, les dialoguistes se sont mis en grève, c’est bien dommage.
Henry Cavill et Ben Affleck font le job avec une trop habituelle économie de sourires et d’humour. Deadpool a pourtant remis à l’honneur une légèreté mise ici de côté. Même Alfred a un air lugubre, Jeremy Irons ne parvient pas à égaler Michael Caine. Quant aux doutes concernant l’intervention de Ben, l’âge et la sagesse le rendent plus crédibles qu’à la triste époque de Daredevil et Pearl Harbor. Seul problème, je n’avais jamais vu Batman manier une arme à feu, c’est ici une triste première, bien loin de la mythologie.
Les fantasmes entourant Batman Vs Superman ont mis une pression extraordinaire sur les épaules de Zack Snyder. Il livre un film certes imparfait mais non sans charmes. La 3D et les écrans verts frisent l’overdose, éloignant cet épisode du réalisme saisissant des épisodes de Christopher Nolan. A vouloir trop en faire dans un format déjà assez long (2h30), Snyder tape tout azimut afin de toucher toutes les cibles, mais ça fait beaucoup…
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Craignant que Superman n’abuse de sa toute-puissance, le Chevalier noir décide de l’affronter : le monde a-t-il davantage besoin d’un super-héros aux pouvoirs sans limite ou d’un justicier à la force redoutable mais d’origine humaine ? Pendant ce temps-là, une terrible menace se profile à l’horizon…
Sortie : le 23 mars 2016
Durée : 2h33
Réalisateur : Zack Snyder
Avec : Ben Affleck, Henry Cavill, Jesse Eisenberg
Genre : Action, Fantastique
Ça m’fait peur d’aller le voir… :/