Bel/Millepied/Robbins ou la danse émancipée
La soirée réunit sous les ors de l’opéra Garnier trois chorégraphes emblématiques : Jérôme Bel, Benjamin Millepied et Jerome Robbins. Trois regards donc sur la danse avec respectivement en ouverture « Tombe », nouvelle création, puis « La nuit s’achève », nouveau ballet, et « Les variations Goldberg », qui font leur entrée au répertoire de l’Opéra de Paris.
Jérôme Bel occupe une place à part sur la scène de la danse internationale. Artiste, concepteur, il bouscule les codes du théâtre et cherche à dépasser les conventions à travers la performance et le travail avec les non-professionnels.
Pour Tombe, Jérôme Bel a voulu travailler sur des duos qui « réuniraient un danseur du Ballet et une personne avec qu’il n’aurait jamais pu partager la scène de l’Opéra ». Il s’agit de sa deuxième commande pour l’Opéra de Paris, après Véronique Doisneau en 2005.
A partir du décor de l’acte II du ballet Giselle, et donc autour de la tombe de la jeune fille devenue folle par amour, il propose trois duos qui mêle le geste à la parole et où chaque danseur est accompagné d’une personne qui ne l’est pas : une baby-sitter, une unijambiste, une vieille dame.
La pièce est un hommage aux coulisses de l’institution et une invitation à ouvrir le plateau à d’autres corps, à d’autres sensations, en résonance avec une autre forme de représentation et une liberté assumée.
Avec La Nuit s’achève, Benjamin Millepied exaltent les harmonies sombres et impétueuses de la sonate Appassionnata de Beethoven, interprétée par le pianiste virtuose Alain Planès, et met en scène trois couples aux prises avec les tourments de la passion, qui traversent la nuit jusqu’au lever du jour.
Sur la partition à l’architecture inflexible, la danse aérienne, déliée, convoque les corps attisés sur fond de sauts et grands écarts en l’air qui ouvrent l’espace puis s’électrise avec des portés et battements de jambes en suspension, le tout dans un mouvement chorégraphique et cinématographique. Où l’art des contrepoint et des résonances gestuelles font merveille.
[…] la danse aérienne, déliée […]
Enfin, Les Variations Goldberg de Jerome Robbins viennent clore le programme. Elles sont un sommet de l’écriture contrapuntique composée par Bach et qu’interprète Simone Dinnerstein, avec une succession de solos, duos, trios, quartets, quintets et sextets où la troupe se montre parfaite dans cet entrelacs aux lignes strictes et épurées mais non dénué de fantaisie.
Dates : du 5 au 20 février 2016 l Lieu : Opéra Garnier (Paris)
Chorégraphes : Jérôme Bel / Benjamin Millepied / Jerome Robbins