Berlin 2.0, une BD de Mathilde Ramadier et Alberto Madrigal (Futuropolis)

Berlin 2.0Berlin 2.0, une BD de Alberto Madrigal et Mathilde Ramadier (Futuropolis)

« Berlin est pauvre mais sexy » (Klaus Wowereit, ex-maire de Berlin) ! Il faut le vivre pour le croire. Dans Berlin 2.0, on le vit et on commence à comprendre. Quand on est passionnée de culture et d’arts, que l’on a la vingtaine et plein d’idéaux en tête, partir s’installer à Berlin pour y réaliser tous ces rêves peut-être une bonne idée. Voilà le choix qu’a fait Margaux, 23 ans, future doctorante en philo, suffoquant dans la capitale française et sans travail. Elle décide d’emménager à Berlin, ville « décomplexée et attractive », qui « ne dévoile sous son irrésistible appel à la liberté, que le vertige encouru par ceux qui refusent le cruel principe de réalité ». Surmotivée par l’émulation qui s’y tient, elle recherche activement un travail dans le monde de la communication, de l’art. De déconvenue en déconvenue, elle comprend vite que si l’attrait est grand, le revers peut s’avérer violent. Les embauches sont faciles, mais le travail difficile. Le stage est monnaie courante, et les start-up en abusent volontiers. Les dernières lois en Allemagne ont pourtant enfin introduit un salaire minimum, mais il est encore difficile de le faire respecter. Mathilde Ramadier (Sartre) nous entraîne avec un bel entrain dans cette aventure, et les dessins d’Alberto Madrigal très réalistes donnent une belle dimension au récit. Berlin 2.0 est une BD à faire découvrir à tous ceux qui seraient tentés par cette même aventure humaine !

[EDIT] : il arrive parfois que deux chroniqueurs s’intéressent au même sujet (fort heureusement, me direz-vous). Stanislas Claude a écrit un petit papier au sujet de Berlin 2.0. Le voici donc :

Berlin 2.0 conte les aventures d’une jeune française à Berlin. Les idées reçues sur l’eldorado allemand sont vite renversées par le parpaing de la réalité. L’auteure Mathilde Ramadier s’inspire de son expérience personnelle pour multiplier les warnings sur un fantasme berlinois finalement assez piégeux. Les idées reçues font long feu face à un quotidien bien moins commode qu’espéré. Le récit hyper réaliste se transforme rapidement en guide de survie et en peinture sociale d’un monde où la douceur de vivre n’est pas aussi accessible qu’imaginé…

Absence de Smic, existence de stages gracieux ou très mal rémunérés, les perspectives […] sont rapidement revues à la baisse.

Si les années 2000 ont vu Internet s’immiscer dans tous les pores de notre existence, il a également changé la donne sur le marché de l’emploi. Modifié en profondeurs, il attire la jeunesse avec des rêves de réussites éblouissantes type Facebook… Et comme l’industrie est encore somme toute naissante, elle vise un développement effréné avec de multiples petites mains… pas toujours grassement rémunérées. Créant des comportements d’embauche qui se déploient dans de nombreux autres secteurs. La jeune Margot débarque d’une France grisâtre et déprimante vers un Berlin en plein essor. Sa réputation de dynamisme effréné a traversé le Rhin depuis longtemps, l’imagination de l’héroïne fait le reste. Mais si la réalité des loyers bas se révèle assez vite exacte, le reste ne suit pas…

Mathilde Ramadier sait de quoi elle parle, elle-même confrontée à la réalité d’un marché de l’emploi berlinois assez surprenant pour nous français. Confrontés à un chômage galopant et à une situation économique précaire, les français n’imaginent pas le degré de déréglementation du marché de l’emploi allemand, dans le but avoué de lutter contre le chômage. Absence de Smic, existence de stages gracieux ou très mal rémunérés, les perspectives de dolce vita de l’héroïne sont rapidement revues à la baisse. Les employeurs proposent benoitement un salaire de 400 euros mensuels, sans garantie d’embauches ni perspectives d’évolution. Margot garde la tête froide et un bon sens salvateur pour ne pas accepter naïvement les règles locales à n’importe quel prix.

Le récit de Mathilde Ramadier prend des allures d’exutoire face à une situation personnelle mal vécue. La catharsis n’élude aucun épisode douloureux de son expérience. Elle insiste néanmoins sur les rencontres salutaires et des rapports humains chaleureux pour conserver une nécessaire joie de vivre. La vie à Berlin n’est pas que calvaire perpétuel, seulement… mieux vaut bien s’y préparer en avance. Le tableau démêle les faux semblants et vise la sincérité la plus crue. Comme rappelé à la fin de l’ouvrage, la règlementation allemande du marché de l’emploi a depuis évolué pour ne plus motiver les comportements biaisés d’employeur indélicats. Une BD témoignage ludique, au dessin délicat et à la narration directe. A lire avant votre prochain séjour berlinois pour pouvoir lire entre les lignes !

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Septembre 2011. Margot, 23 ans, décide de quitter Paris pour Berlin et débuter sa vie professionnelle dans le milieu de la culture. Berlin est une des villes parmi les moins chères d’Europe de l’ouest et bénéficie surtout d’une image tellement plus débonnaire, créative, plus vivante, moins affolante que Paris où elle étouffe. Là-bas, le marché du travail semble plus prometteur. Une fois installée, alors qu’elle prend des cours d’allemand avec des jeunes venus du monde entier, Margot sent qu’elle a fait le bon choix. Tout lui semble possible : la vie est plus douce et les premières rencontres lui permettent de s’intégrer rapidement. Vernissages d’expos, sorties au parc ou en club techno, le temps passe vite… il lui faut maintenant une activité rémunérée. Ici, les boulots se trouvent via les réseaux sociaux, sur le net ou par Facebook. Plusieurs opportunités s’offrent à elle assez vite dans des start-up. L’ambiance y est jeune et décontractée. Mais, comme le lui conseille une amie : « Après, le salaire… ce sera à toi de juger. Mais c’est toujours une histoire de compromis. » De simples stages non rémunérés aux contrats précaires payés 400 € par mois pour des horaires à rallonges avec licenciement sans préavis, Margot va alors découvrir la face cachée de ce « modèle allemand ». L’optimisme et la motivation de cette émigrée diplômée sont mis à l’épreuve lorsque la réalité de la ville et de la crise européenne finissent par se confronter à ses attentes.

Date de parution : le 11 février 2016
Scénariste(s) : Mathilde Ramadier
Dessinateur(s) : Alberto Madrigal
Genre : Documentaire
Editeur : Futuropolis
Prix : 18 € (96 pages)
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NOS NOTES ...
Originalité
Scénario
Dessin
Plaisir de lecture
Fanny Debuchot
Amatrice d'arts et de lettres, Fanny est une rédactrice discrète mais qui vient parfois partager ses découvertes culturelles. Elle aime avant tout la musique et l'équitation mais elle est cultivée et curieuse de tout !
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