Robert Wilson et Mikhail Baryshnikov pour un duo virtuose
Le grand metteur en scène, Bob Wilson, retrouve l’artiste légendaire Mikhail Baryshnikov autour des cahiers tenus par le danseur et chorégraphe Nijinski, et livre une partition vertigineuse sur un artiste sombrant peu à peu dans la folie.
Celui que Maurice Béjart qualifiait de « clown de Dieu », est resté célèbre pour avoir bouleversé les ballets russes et pour ses œuvres révolutionnaires telles que « L’Après-midi d’un faune » d’après une musique de Debussy ou encore « Le Sacre du printemps » sur une partition de Stravinsky.
Ce journal est un dialogue avec son moi intérieur à propos de la famille, la paternité, le pacifisme, l’agitation créative, et surtout, avec Diaghilev, son mentor et ancien amant. C’est une fenêtre extraordinaire sur une âme torturée et tourmentée, et sa condition d’artiste à la fois riche et révélatrice d’une vérité extrême.
« Se trouverait-il quelqu’un qui, en lisant ces lignes, pourrait ne pas être ému et ne pas ressentir les tourments que j’endure ? ».
En s’appuyant sur ses pensées à la raison vacillante, Bob Wilson compose un univers mental et fantasmagorique à l’abri de son inspiration formaliste fascinante : éclairages monochromes, attitudes hiératiques, plans découpés façon cinéma muet, images immobiles, visage grimé en blanc, aux yeux et à la bouche marqués, gestuelle oscillant entre chorégraphie dadaïste et burlesque.
[…] inspiration formaliste fascinante […]
Les tableaux ultraplastiques à la perfection hypnotique – entre théâtre d’ombre, music hall et poésie pure, en passant par le nô et le cartoon – s’enchaînent et nous plonge dans le monde brisé de Nijinski aussi imprévisible que loufoque, cauchemardesque que burlesque, mélancolique que limpide où par delà la traversée intime, s’interroge l’être face à ses contraires, ses conflits, son enfermement intérieur, sa solitude et sa perdition.
[…] un univers mental et fantasmagorique […]
Le tout accompagné de bruits tonitruants, de silences assourdissants et d’une musique lancinante de cabaret.
Prodigieux d’inventivité, d’intériorité et de vélocité, Mikhail Baryshnikov, visage fardé de blanc et ultra maquillé, donne corps à cette confession sans retour. Dans un décor rappelant le surréalisme à la Magritte et sa décomposition, il incarne cet esprit chaviré où sa mémoire nous renvoie au spectacle et à son éternelle illusion.
Dates : du 15 décembre 2016 au 21 janvier 2017 l Lieu : Espace Cardin Théâtre de la Ville (Paris)
Metteur en scène : Bob Wilson l Avec : Mikhail Baryshnikov