Britannicus Musical Circus, une pièce punk et jouissive à ne pas manquer au Lucernaire

Le Lucernaire accueille la compagnie Les Epis Noirs pour une adaptation libre et enivrante de Britannicus, pièce de Racine rédigée il n’y pas si longtemps, juste en 1669. Si le texte de l’auteur classique apparait de temps en temps au détour d’une déviation dans un fossé quelconque, la pièce est surtout l’occasion d’un formidable lâcher prise où musique, circonvolutions jubilatoires et folie douce s’enchainent dans une désopilante sarabande. Les 4 comédiens et 2 comédiennes rivalisent d’exubérance pour emporter le public dans un voyage fou et enchanté.

Pas de répit pour le public

La pièce de 1h20 semble durer 20 minutes tant l’action est dense et omniprésente. L’action tragicomique reprend le canevas de la pièce de Racine, avec pas mal d’aménagements, on s’en doutera. En gros, l’empereur Néron succède à Claude et se prend d’une passion subite pour Junie, amante de Britannicus, rien de moins que son demi-frère, tandis qu’il cherche à se libérer dans le même temps de la domination de sa mère Agrippine et à assassiner sournoisement le fameux demi-frère gênant. Si l’intrigue est bien là, son traitement sort rapidement des sentiers battus et perd génialement le public dans des apartés décomplexés. Costumes punk à tendance collier de chien et à la limite du SM, pétaradante guitare électrique et interruptions incessantes donnent à la pièce des airs de rave party, surtout quand le morceau This is the rythm of the night de Corona se fait entendre de manière intempestive. Et comme comédiens et comédiennes arborent un maquillage blanc sur le visage, le ton est donné, la farce est reine et une ambiance de cirque règne dans la salle. La troupe n’hésite jamais à fracasser le 4e mur, le public est pris à témoin, invectivé avec fureur et invité à participer à l’orgie théâtrale. Chacun rivalise de truculence pour attirer l’attention sur lui et surprendre à l’envi. Les intermèdes musicaux se succèdent tandis que Néron et Britannicus se disputent la belle Junie, le CD des musiques du spectacle est d’ailleurs disponible à l’achat à la fin du spectacle pour revivre chez soi la folle soirée passée au Lucernaire. Nul doute que des rares puristes mécontents crieront au scandale, la pièce est saccagée et mise en pièces, mais que c’est bon de voir une troupe s’approprier un texte classique pour en livrer une version punk décomplexée, exactement ce que le Lucernaire incite à faire. Est-ce possible ailleurs sur Paris? Pierre Lericq n’en est pas à son coup d’essai, lui qui avait échafaudé une romance sauvage déjà survitaminée en 2016 dans les mêmes lieux. Des accessoires de cirque jonchent le sol, un Monsieur Loyal partage régulièrement sa mauvaise humeur, Racine est transformé en Barnum sous acide, la transformation est osée mais jubilatoire, surtout que tous les interprètes enchainent des performances étonnantes, Jules Fabre en Britannicus jouet du destin, Gilles Nicolas en valet insolent, Marie Réache en Agrippine complètement punk, Juliette de Ribaucourt en Junie pas si frêle et fragile que ça, Tchavdar Pentchev en déclinaison de Sid Vicious, tous concourent au succès de cette pièce jouée à guichets fermés, les places sont chères, il faut se dépêcher!

L’énergie déployée est incommensurable, les coups d’éclats s’enchainent et le public fait un triomphe final à une troupe qui ne s’est pas ménagée une seule seconde sur la scène du Lucernaire. L’année théâtrale 2025 commence sur les chapeaux de roue et le public a encore. du temps pour venir admirer le Britannicus Musical Circus, jusqu’au 9 février, il ne faut pas hésiter. La troupe attend le public à la fin du spectacle en interprétant avec bonne humeur une ritournelle finale, de quoi concourir à ne pas oublier de sitôt ce Britannicus échevelé.

Synopsis:

QU’IL EST BON DE RIRE DE TANT DE NOIRCEUR

Dans une troupe de théâtre ambulant, un « Monsieur Loyal » tonitruant mène ses comédiens à la cravache pour vous raconter la véritable, et non moins monstrueuse, histoire de Britannicus. Tout se passe en un seul jour à Rome. En mai 68 de notre ère, le jour de son couronnement, Néron, mis sur le trône par l’assassinat à point nommé de son père Claude par sa chère maman Agrippine, enlève Junie, fiancée tendrement aimée de son frère Britannicus. Tout cela va entraîner les personnages dans une fureur délirante et jubilatoire.

Du théâtre musical, rock, populaire et déjanté !

Détails:

Mardi > samedi 21h | Dimanche 18h

Du 27 novembre au 9 février 2025

NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Jeu des comédiens
Plaisir de la pièce
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
britannicus-music-circus-au-lucernaire Le Lucernaire accueille la compagnie Les Epis Noirs pour une adaptation libre et enivrante de Britannicus, pièce de Racine rédigée il n'y pas si longtemps, juste en 1669. Si le texte de l'auteur classique apparait de temps en temps au détour d'une déviation dans...

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici