Des voies venues du froid mais pas que au Festival Paris l’été
Lorsqu’elle ne crée pas des spectacles, la réalisatrice et chorégraphe Elle Sofe Sara garde des rennes en Norvège avec ses enfants ou observe les traces des animaux dans la neige. Et pour cause, elle est une véritable Sami ; elle appartient à ce peuple autochtone vivant en Laponie, région qui embrasse le nord de la Suède, de la Norvège et de la Finlande ainsi que la péninsule de Kola en Russie. Sur scène, dans des œuvres fédératrices et salvatrices, elle nous fait voyager dans ce monde de tradition et de résistance.
Un chant collectif, intense et profond
Dans la cour du lycée Jacques Decour, sept femmes, poings levés et tout de noir vêtues, brandissent des mégaphones au-dessus de leurs têtes. Elles dansent pour demander à la terre la permission de l’habiter. Il s’agit par cet acte de s’engager à laisser le territoire tel qu’il a été trouvé. Une tradition sámie transposée en mouvement chanté et joiké.
Puis, marchant têtes hautes, elles guident le public vers une autre scène pour un concert chorégraphique galvanisant. Vástádus eana amplifie les voix longtemps réprimées du peuple sámi.
La pièce est ainsi imprégnée par les luttes contemporaines des Sámi·e·s, plutôt que par leur histoire. Où le corps et la gestuelle sont porteurs de savoirs et de mémoire qu’il suffit de raviver pour activer des récits incarnés dans un geste aussi puissant qu’empli de générosité.
Par leurs chants polyphoniques et leurs mouvements, les performeuses façonnent a cappella une histoire de résistance et de guérison. Leurs voix s’ancrent dans le joik, envoûtante musique vocale sámie pour voyager en territoire. Corps de mémoire, elles célèbrent les alliances entre les vivants et la terre, entre nature et communauté. Et nous offrent un instant de communion aussi intense que profond. Bravo !
Dates : du 26 au 28 juillet 2023 – Lieu : Festival Paris l’été au lycée Jacques Decour (Paris)
Chorégraphe : Elle Sofe Sara