Deux Amériques sous la même lumière : Edward Weston & Tyler Mitchell à la MEP

Deux Amériques sous la même lumière : Edward Weston & Tyler Mitchell à la MEP

Tyler Mitchell, Ancestors, 2021 © Tyler Mitchell Courtesy de l’artiste et Gagosian

Deux Amériques sous la même lumière : Edward Weston & Tyler Mitchell à la MEP

À la Maison Européenne de la Photographie (MEP), deux expositions se répondent sans s’opposer : l’Amérique moderniste d’Edward Weston et celle, onirique et politique, de Tyler Mitchell. Deux regards donc, deux générations, une même foi dans la lumière.

Le réel comme prière

Au 1er étage, le visiteur entre dans un espace de calme et de rigueur. Weston, pionnier de la photographie moderniste américaine, y est présenté dans toute la clarté de sa quête formelle. À travers plus d’une centaine de tirages d’époque, on découvre un regard qui a cherché la perfection du simple. Un poivron, une coquille, un nu — tout devient architecture.

Edward Weston, Nude on Sand, Oceano, 1936 © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025 Courtesy Wilson Centre for Photography

Weston photographie comme on médite : dans le silence, dans la discipline, avec l’humilité d’un artisan. L’exposition, tirée de la prestigieuse collection du Wilson Centre for Photography, rappelle combien il a façonné le XXᵉ siècle photographique : il a fait de la lumière une matière, et de la matière, une vérité. « Je vois des formes et des textures, non des choses », écrivait-il. Weston ne documente pas : il transfigure.

Le rêve comme résistance

À l’étage au dessus, Tyler Mitchell déroule un contrepoint lumineux. Premier photographe noir à avoir signé une couverture de Vogue (celle de Beyoncé, en 2018), il réinvente ici la douceur comme un acte de liberté. Ses portraits, baignés de lumière dorée, montrent des corps noirs dans des espaces de calme et d’abandon.

Pas de lutte ici, pas de colère : Mitchell s’inscrit dans l’après. De ce qui vient quand la représentation cesse d’être une revendication, et devient simplement une évidence.

Tyler Mitchell, Riverside Scene, 2021 © Tyler Mitchell Courtesy de l’artiste et Gagosian

Dans cette utopie visuelle, les gestes sont tendres, les regards ouverts. La couleur, vibrante mais profonde, semble intemporelle. Mitchell ne cherche pas à capturer : il construit des lieux d’apaisement, des fragments d’un monde réconcilié.

Ce que la MEP réussit avec élégance, c’est de ne jamais forcer la comparaison. Weston et Mitchell se regardent de loin — et pourtant, tout les relie. Tous deux croient à la puissance de la lumière.

Chez Weston, elle ordonne le monde ; chez Mitchell, elle le libère. Le premier taille dans la réalité pour en extraire la forme pure ; le second l’enveloppe de couleurs pour y semer l’espoir. Un même geste, deux temporalités : la rigueur d’hier pour l’un, la possibilité d’une île aujourd’hui pour l’autre.

 Dates : du 15 octobre 2025 au 25 janvier 2026 – Lieu : MEP (Paris)

NOS NOTES ...
Intérêt
Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.
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