« Electre / Oreste » sous le regard endiablé d’Ivo van Hove, revient au Français

"Electre / Oreste" sous le regard endiablé d'Ivo van Hove
Electre / Oreste d’Euripide mise en scène Ivo van Hove © Jan Versweyveld coll.-Comédie-Française-

« Electre / Oreste » sous le regard endiablé d’Ivo van Hove, au cinéma

En 2016, Ivo van Hove collaborait pour la première fois avec la troupe de la Comédie-Française en créant Les Damnés dont le coup de poing théâtral marquait l’ouverture du Festival d’Avignon. Le metteur en scène flamand est de retour au Français avec Electre / Oreste, d’après Euripide, présenté la saison dernière.

Ivo van Hove compile les deux textes en une pièce où s’explore le processus de radicalisation des protagonistes, animés par une rage et une férocité extrêmes, dont la mise en scène se saisit avec une intensité rare et un geste puissant, du destin des héros aveuglés, intransigeants et torturés.

Un frère et une sœur s’unissent pour venger la mort de leur père assassiné par l’amant de leur mère. Telle est l’histoire d’Électre et Oreste, les enfants terribles de Clytemnestre et Agamemnon, qui se retrouvent pour éliminer l’usurpateur et leur génitrice.

Des figures liées par un même destin les conduisant au bannissement d’une famille, d’un ordre royal, et habitées par le même sentiment de marginalisation et d’exclusion qui les transforment en prédateurs redoutables à la violence aussi vengeresse que mortifère.

L’embrasement du mal

Escalade diabolisante dont le processus de radicalisation et d’enfermement des personnages renvoie de façon troublante à ce qui peut se passer aujourd’hui. Le meurtre appelant la vengeance qui elle-même appelle au crime dans un engrenage et un aveuglement qui ne trouvent aucun échappatoire, où seule l’intervention d’Apollon dans une scène finale aussi hippique que virtuose tout droit sortie d’un tableau mythologique, ramènera la concorde.

Le plateau recouvert de boue cristallise la terre originelle et son enlisement où Electre, Oreste et Pylade, leur frère d’armes, s’enrôlent et se rebellent. Un paysage de perdition où les crimes vont se perpétrer et se répéter. A l’abri d’effets saisissants, Ivo Van Hove transforme le plateau en une terre de damnation où dans la sang répandu et les coups cinglants des timbales, la folie des hommes se déploie et s’exacerbe sans relâche.

Une contagion des âmes séquencée de rituels et de danses démoniaques où les protagonistes tel un chœur antique, s’embrasent dans une imagerie qui nous ramène à l’origine de la tragédie et sa symbolique. Un quatuor de percussionnistes accompagne au long cours la traversée sur une musique d’Eric Sleichim jouée en direct, imprimant d’un écho sourd et d’une âpreté tellurique, la descente aux enfers.

Christophe Montenez se montre proprement possédé par son rôle d’Oreste tandis que Suliane Brahine, coupe courte, incarne une Electre aussi guerrière que déterminée. Quant à Loïc Corbery (Pylade), il est ce compagnon d’armes révélé, à la fidélité inébranlable.

Dates : du 09/12/2019 au 16/02/2020 (en alternance) Lieu : Comédie-Française (Paris)
Metteur en scène : Ivo van Hove

NOS NOTES ...
Originalité
Scénographie
Mise en scène
Jeu des acteurs
Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.
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