Sortie le 27 août 2014
A l’instar de cette phrase qui ouvre la projection en signe d’avertissement, « Le chaos est un ordre qui n’aurait pas encore été déchiffré », Enemy est un film tentaculaire et ludique où chaque plan participe à son énigme. Envoûtant.
[pull_quote_center]une œuvre atypique et habile dont le trouble est constant[/pull_quote_center]
Adam (Jake Gyllenhaal), professeur de philo, mène une vie routinière entre ses cours à l’université et une relation épisodique avec Mary (Mélanie Laurent), sa petite amie. Alors qu’il visionne un film un soir sur son ordinateur, il découvre au cours d’une scène en arrêtant puis en revenant sur l’image, un acteur, Anthony St. Claire (Jake Gyllenhaal), ayant ses traits. Il décide alors d’entrer en contact avec lui et après avoir dépassé le trouble de la rencontre, accepte pour une nuit d’échanger sa vie contre la sienne dans un jeu de pistes fébrile, intime, à la lisière du fantastique, aussi angoissant que dangereux.
Adapté du roman « L’autre comme moi » de l’écrivain portugais José Saramago, prix Nobel de littérature, Enemy explore le double à la fois labyrinthique et énigmatique dans la pure tradition du thriller psychologique très influencé par David Lynch, David Cronenberg mais aussi Roman Polanski, où cet autre n’est ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre.
A l’abri d’une mise en scène esthétisante et impressionniste au service d’une narration heurtée au suspens diffus, offrant au leitmotiv scénaristique de la toile d’araignée une lecture métaphorique précise et subtile, elle orchestre une ambiance oppressante et déstabilisante où se déploient cliniquement et efficacement les affres de l’inconscient aux prises avec ses phobies, ses fantasmes, ses peurs et ses obsessions.
Une œuvre atypique et habile dont le trouble est constant…